Lake view cemetery

Comme de juste, il pleuvait. Et il y avait foule. Des proches, des amis, des collègues, des journalistes, et une foule de curieux venu tenter d'observer quelques gens célèbre ou prendre des selfies.

Un service de sécurité impressionnant avait été déployé pour l’occasion et personne ne rentrerait sans avoir montré patte blanche.

Dans son costume le plus sombre et accompagné de Trish, Stan passa la grille du cimetière et, après s’être identifié auprès de la sécurité, s’approcha de l’attroupement qu’il y avait autour de la famille Worthington. Il salua les quelques têtes connues qu’il croisa mais se rendit directement auprès de la famille proche du défunt.

A l'arrivée de Stan, l'oncle de Jake vint au devant de lui avec un sourire triste. Il était accompagné d'une femme élégante d'une cinquantaine d'années aux yeux rougis.

- Monsieur Donington, merci d’être venu. Je vous présente Sarah, la mère de Jake et la fille de feu mon frère.

Elle serra faiblement la main du DA, le remercia d’être venu d'une faible voix puis retourna rapidement vers sa famille qui semblait étonnement peu nombreuse.

- Salut patron, grommela un Kevin Reitel aux traits fatigués.

Il tenait un parapluie qui protégeait une Clara visiblement émue. Un peu plus loin le reste de l'équipe s'était réuni et discutait tranquillement. La cérémonie n'allait pas tarder à débuter et Stan remarque une autre personne connue qui se tenait légèrement à l'écart. Les yeux protégés par des lunettes noires et emmitouflé dans un manteau un peu chaud pour la saison. Le soleil de Miami devait déjà lui manquer.

- C’est le moins que je puisse faire, répondit Stan à son prédécesseur.

Il se tourna vers la mère qui venait de perdre son fils et prisa main dans la sienne.

- Je ne peux qu’imaginer l’horreur de ce que vous êtes en train de traverser. Je sais que rien de ce que je pourrai dire n’atténuera votre souffrance. Mais je tiens à ce que vous sachiez à quel point Jake était apprécié par l’ensemble de ses collègues.

Il laissa la pauvre femme retrouver les siens, salua Reitel et Clara à son tour. Et passa dans ses rangs pour serrer les mains de son staff. Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il remarqua Bouchra. Il s’approcha d’elle pour la saluer.

- Bonjour. Je ne m’attendais pas à te voir ici.

Bouchra se tenait volontairement loin de la famille, qui ne l'avait sans doute pas vue.

- Bonjour. Jake et moi avons été... tres proche, je pensais que tu le savais. Même si nous nous sommes séparé et plus adressé la parole depuis, j'avais beaucoup de respect pour ce qu'il était devenu. Je ne pouvais pas ne pas venir, meme si je vais rester un peu en retrait, inutile de créer des tensions aujourd'hui.

Malgrés elle, son regard se porta vers la famille du défunt et elle serra les dents.

- Je me demande si ce vieux raciste regrette certaines paroles aujourd'hui. Sans lui...

Elle préféra ne pas terminer sa phrase et haussa les épaules, fataliste. Inutile de refaire l'histoire.

- Sorry for your loss.

Stan inclina la tête, mais il ne put s’empêcher de terminer la phrase de Bouchra.

- … Tu ne serais sans doute pas agent fédéral aujourd’hui. Je te suggère quand même d’attendre un peu avant de le remercier.

Il n’avait pas pu s’empêcher de faire un peu d’humour. La situation horrible qu’il traversait depuis quelques jours lui avait mis les nerfs en pelote et il avait vu l’occasion d’évacuer un peu de pression. Ca faisait du bien.

- Désolé. J’imagine ce que ton arrivée dans une famille comme les Worthington a dû provoquer. Quelque part, ça a dû les secouer un peu et c’est pas plus mal, même si à toi, ça te fait une belle jambe. Et je suis certain que ta fréquentation a contribué à faire de Jake le juriste droit et brillant qu’il est devenu.

Bouchra ne put s’empêcher de rire et cela ne lui faisait pas de mal.

- Qui sais, je serais peut être avocate aujourd'hui, mondialement reconnue. Le genre qui terrifie les services du DA à chaque fois qu'il rentre dans la salle d'audience.

Stanley essayait de lui remonter le moral, même si lui rappeler son unique passage dans la maison Worthington n'étais pas un bon souvenir, sur lequel elle préférait ne pas s'étendre.

- Ca pour leur faire un choc... Mais Jake n'a pas eu besoin de moi pour être brillant. Je lui ai juste insufflé un peu le gout d'aller au fond des dossiers.

Elle fut interrompue par une étreinte d'ours soudaine qui la laissa sans souffle. Le bouledogue finit pas la lâcher après de longues secondes et elle lui sourit.

- Ca fait plaisir de vous revoir, Kevin. Et merci de m'avoir prévenue. Je n'aurai pas aimer apprendre la nouvelle par les informations.

Stan concéda volontiers le destin manqué de Bouchra.

- Tu as raison, c’est moi qui vais aller le remercier.

Il observa les retrouvailles entre Bouchra et Reitel. Il n’avait jamais vraiment compris quel relation étrange les liait. L’un était le mentor de l’autre, mais sa réputation de prédateur envers tout ce qui était féminin rendait l’idée qu’ils soient proches assez saugrenue. Il était néanmoins reconnaissant à Retel d’avoir prévenu Bouchra. Stan savait qu’elle connaissait Jake, mais il ne connaissait pas les tenants et aboutissants de leur relation et n’avait pas eu le temps d’intégrer Bouchra dans l’équation le jour du drame.

- Comment se passe la vie à Miami ? demanda-t-il à la jeune femme.

- Pas trop mal. J'ai un vrai appartement avec vue sur la mer. Mon bateau me manque un peu mais Caton est ravi. Et ma mère me fait tellement de panier repas que je n'ai quasiment plus besoin d'acheter de quoi manger. Et toi, tes nouvelles responsabilité sont à la hauteur de tes espérances?

Il n'avait sans doute pas prévu de perdre un collaborateur, mais s'était sans doute installé dans son rôle depuis les élections. Leur conversation fut interrompu par le début de la cérémonie. Stanley pourrait rejoindre son épouse au premier rang, alors que Bouchra restait sagement en arrière, hors de vue de la famille.

Stan sourit, heureux que Bouchra se fasse à sa nouvelle vie même si c’était loin de Seattle.

- Ca se passait bien jusqu’à avant-hier. Mais je n’ai pas l’intention de me laisser abattre. J’en ai vu d’autre et c’est pour ça que je suis là.

La cérémonie commença et Stan rejoignit Trish à l’avant. Il écouta religieusement les premières personnes parler et attendit qu’on l’appelle.

La cérémonie débuta lentement avec plusieurs lecture de psaumes et un premier hommage prononcé par une cousine de Jake, visiblement très émue. Puis le prêtre décidément très en verve reprit la parole et enjoint son auditoire à réfléchir sur la violence urbaine, le dévouement de la victime et la violence en général.

Lorsque Stanley fut finalement convié, Trish lui serra brièvement la main en signe d'encouragement. Les quelques journalistes présent filmaient la scène et tous les regards se retrouvèrent braqués sur lui.

Contrairement au prêtre, Stan avait pris tout le soin, dans son discours, d’éviter de parler de politique. La dernière chose qu’il voulait, c’était transformer les funérailles de Jake en meeting.

- J’ai dédié ma vie à combattre l’injustice et comme tous ceux qui sont réunis ici, j’éprouve un profond sentiment de frustration devant le cercueil de Jake. Je suis en colère, je suis prêt à tout pour punir les coupables et faire en sorte que ça n’arrive plus jamais. Et je le ferai. Mais je ne suis pas venu parmi vous aujourd’hui pour organiser un plan de bataille. Je suis venu, parce qu’avant d’être frustré et en colère, je suis triste. Triste d’avoir perdu un collaborateur efficace, un redoutable procureur, un juriste hors pair, bien sûr. Mais je suis surtout triste que notre communauté ait perdu un homme de principes à une époque qui en compte si peu, que mon bureau ait perdu un collègue souriant et surtout que la famille Worthington ait perdu un fils, un petit-fils, un neveu, un oncle.

Après avoir parcouru du regard l’ensemble de l’assemblée, il s’attarda un instant sur la famille du défunt.

- C’est à vous que je voudrais m’adresser, la famille de Jake. Rien ne pourra remplacer la perte que vous avez subie, et rien de ce que quiconque pourra dire aujourd’hui ne pourra apaiser votre chagrin. Mais malgré tout, je veux que vous sachiez que vous n’êtes pas seul. Je suis avec vous, je partage votre peine. Mon administration, l’ensemble de collègues de Jake sont avec vous aujourd’hui et partagent votre douleur. Et les citoyens du comté sont avec vous et partagent votre soif de justice. Et puisque je ne peux rien faire de plus pour vous, je vous promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que les coupables de la mort de Jake soient punis.

Stan inclina la tête quelques instants pour se recueillir et céda la place à l’orateur suivant.

La fin de la cérémonie se déroula dans le calme. Aux sourires, Stan comprit que son discours avait été apprécié. Son prédécesseur le remercia discrètement de la tête avant de repartir avec sa famille. Il avait fait passer le mot qu'il n'y aurai pas de veillée à leur domicile et la foule commença à se disperser.

- Bien parlé patron, lâcha Reitel, toujours flanqué de Bouchra qui avait de nouveau chaussée ses lunettes de soleil, malgré la pluie. Allez Venez, je vous paye un verre. Et je vous raconterais des histoires edifiante d'étudiants.
- Je ne suis pas sure qu'elles soient pour toutes les oreilles, Kevin.
- Oh si ma petite. Mais celle de la mascotte...

interrompu par un coup de coude bien senti, le professeur de droit éclata de rire et indiqua la direction d'un bar non loin de la.

Stan sortit du cimetière avec les autres. Il sourit à Reitel qui avait eu la bonne idée de détendre l’atmosphère avec ses histoires.

Dans le bar, Stan commanda un café et en profita pour cuisiner un peu Bouchra.

- Tu avais encore des contacts avec Jake ?

Le bar dans lequel ils s'étaient installés était confortable, avec des décorations inspirés des années 50. Bouchra commanda un verre de jus de fruit et sourit aux deux hommes.

- Assez peu. Nous n'avons jamais eu à travailler ensemble, par chance, mais c'était difficile de ne pas nous croiser au center.. Mais nous étions passé du mépris glacial à une politesse toute professionnelle avant mon départ. Il m'a envoyé un message le jour de mon déménagement pour me souhaiter bonne chance. Ça m'a plus touché que je n'ai bien voulu l’admettre.

Le téléphone de Stanley interrompit la conversation. Le numéro de Joe s'affichait.

- Stanley, dit le médecin d'une voix grave. Je sais que tu es très pris aujourd'hui, mais on va avoir besoin de toi en urgence. Tu connais un endroit pas trop exposé aux oreilles indiscrètes?

Stan s’apprêtait à couper son téléphone quand il reconnut le nom de son frère qui s’affichait sur l’écran. Il fronça les sourcils. Joe savait que c’était les funérailles de Jake. Il n’aurait pas appelé si ça n’avait pas été important.

- Excusez-moi, dit-il au bouledogue et à son ancienne élève.

Il se leva, décrocha et s’éloigna un peu de la table pour s’isoler.

- Jose’s Cantina, dans une demi-heure ?

La visite de l’établissement lui avait peut-être bien permis de remporter la campagne. Mais c’était avant tout un petit bar dans un quartier populaire. Le dernier endroit où on irait le chercher. Et puis, le patron était désormais une connaissance.

Si le médecin parut surpris du choix de son frère, il ne commenta pas et raccrocha sur un "merci". De loin, Stan vit que Reitel et Bouchra le regardait en coin, ayant sans doute comprit qu'il se passait quelque chose.


- Du nouveau ? demanda le bouledogue.

Stan raccrocha avant de revenir près de Reitel et Bouchra. Il fit la moue.

- Vous savez ce que c’est, pas de repos pour les braves.

Il sortit un billet de son portefeuille pour payer les consommations et se prépara à partir.

- Désolé de vous abandonner. Kevin, quand vous rentrerez au bureau, essayez de savoir où en est l’APB sur Jones et contactez l’avocat du suspect arrêté cette nuit pour essayer de le convaincre de le faire parler. Vous aurez peut-être plus de succès que moi. Je vous rejoins dès que je peux.

Il serra la main à son ADA avant de saluer Bouchra.

- Je ne sais pas pour combien de temps tu es à Seattle, mais si tu pouvais passer manger à la maison, ça ferait plaisir à Trish et aux enfants. Je suis sûr que Mary serait contente de te voir aussi.

La fille de Joe était en train de virer pré-ado au grand dam de son père.

Le bouldegue hocha la tete en retroussant les babines sur un sourire digne d'un prédateur. Il n'était pas du genre à lâcher le morceau et l'avocat n'avait qu'a bien se tenir.

- Je repart demain midi, répondit Bouchra. Je ferai un saut en fin d’après midi chez toi en ramenant Mary. Je l’amène faire du shopping et je la soupçonne de vouloir me parler de sujet qu'elle ne souhaites pas aborder avec son père.

Elle se leva pour l'étreindre rapidement et souffler quelques mots à son oreille.

- Et si tu as besoin de ressources fédérales pour attraper celui qui a fait ça, fais moi signe, OK ?

=> Jose's Cantina