203 Messages de A.J. Dickerson |
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Forum : Commerces Sujet : [West] Mc Credy & Bush Gun shop Posté Le 01/05/2014 à 19:05:16
Mike avait retroussé son col pour se protéger tant bien que mal de la pluie mais il fut soulagé de pouvoir se retrouver au sec. Il ne fumait pas d’ordinaire mais le stress de l’opération à venir, le gros coup, le poussa à trouver dans la cigarette offerte un certain réconfort. Il l’accepta et commença à fumer.
La question le surprit, il n’avait pas été question auparavant qu’il soit tenu de garder le Beretta tout le temps avec lui. Il envisagea un instant de mentir mais préféra dire la vérité. Le mensonge aurait été trop facilement vérifiable.
- Non. M’en voulez pas, mais j’ai préféré mon ustensile personnel.
Il souleva sa veste et son sweatshirt pour révéler le Sig, dont le numéro de série avait lui aussi été rayé, vu la manière dont il se l’était procuré.
- Si ça pose un problème, je peux aller rechercher celui que vous m’avez refilé…
Le ton indiquait clairement qu’il ne voyait pas l’intérêt et un bref regard sur l’extérieur indiqua que Michael aimait autant ne pas devoir se retaper deux fois le trajet par le temps qu’il faisait.
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Forum : Domiciles Sujet : [Center District] 1134 Fishmarket street - Studio de Michael Connolly Posté Le 28/04/2014 à 17:17:36
- J’arrive tout de suite, répondit Michael juste avant que l’armurier ne raccroche.
Il rassembla quelques affaires, préférant garder son 357SIG que le Beretta offert par ses nouveaux amis. Il quitta son appartement et rejoignit sa voiture dont il fit vrombir le moteur avant de partir vers l’armurerie.
[HRP : Je te laisse créer le sujet de l’armurerie ? ]
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Forum : Domiciles Sujet : [Center District] 1134 Fishmarket street - Studio de Michael Connolly Posté Le 26/04/2014 à 16:32:24
Michael réprima un bâillement pour que son boss ne réalise pas tout de suite qu'il venait de se réveiller.
- Ca marche. Je le rappelle de suite. Autre chose ?
S'il n'y avait rien d'autre, Michael mettrait poliment fin à la conversation et appellerait l'armurier.
- Bonjour... Vous vouliez me parler ? |
Forum : Domiciles Sujet : [Center District] 1134 Fishmarket street - Studio de Michael Connolly Posté Le 24/04/2014 à 18:40:09
Tout se passait pour le mieux. Michael Connolly était officiellement membre de l’IRA et AJ donnait des compte-rendus détaillés à Speedman à chaque fois qu’il en avait l’occasion. La seule ombre au tableau, c’était que l’IRA ne payait pas vraiment. S’il s’était agi d’un gang classique, Michael aurait été grassement payé. Mais l’IRA était un groupe de fanatiques et, en tant que tel, ses membres étaient ‘heureux’ de ne rien prendre de l’organisation. Du coup, Michael était obligé de continuer à bosser comme docker.
Son téléphone sonna et il décrocha immédiatement.
- Yellow?
C’était plus la contraction entre ‘yes’ et ‘hello’ qu’une allusion à la couleur. |
Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 23/04/2014 à 15:37:41
Michael acquiesça.
- Très bien. Faites-moi signe quand vous avez besoin de moi.
Il donna son numéro de téléphone aux deux hommes s’ils ne l’avaient pas déjà et finit son verre. Il en recommanda un autre et s’apprêta à passer un moment au bar.
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Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 18/04/2014 à 19:08:09
Michael sourit.
- J’ai pris ma décision rapidement mais ça fait longtemps que j’y réfléchis. Si je dois être franc, ça fait un moment que j’ai envie de rejoindre la cause. Jusqu’à aujourd’hui, je n’en avais jamais eu l’opportunité.
Il écouta les mises en garde de son interlocuteur et acquiesça.
- Je ne suis pas avec vous pour m’éclater ou pour mitrailler à tout va. Mon seul but, c’est la libération de Nord et faire ce qui doit être fait pour qu’on y arrive.
Il but une lampée de Guinness et posa une question/
- Si vous m’avez recruté, j’imagine que vous avez des projets pour moi. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? |
Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 16/04/2014 à 18:27:20
Michael hocha la tête affirmativement.
- Les pertes civiles sont inévitables dans toutes les guerre. Je ne veux simplement pas qu’on se serve d’eux.
Il déglutit quand le copain de l’armurier évoqua une lourde responsabilité, il prit encore quelques secondes avant de hausser les épaules.
- Je crois que ce n’est pas la peine que je réfléchisse plus longtemps. Je rêve de rejoindre la cause depuis que je suis ado. Si je peux vous aider, je ne me pardonnerais pas de ne pas le faire.
Cette fois, ça y était, il avait les deux pieds dedans. |
Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 14/04/2014 à 16:00:56
- Et je vous remercie de me le proposer, répondit Michael avec autant de sincérité que possible.
Il ne savait pas bien comment présenter la suite, mais il finit préciser sa pensée.
- Pour être franc, j’ai déjà eu l’occasion de constater qu’on peut trouver des groupes très divers qui soutiennent la cause et que certains ont des méthodes discutables. Je ne pense pas que ce soit votre cas mais je tiens à ce que ce soit clair dès le départ. Je n’ai pas peur de me salir les mains, mais j’ai une certaine répugnance à ce que des civils fassent les frais de notre combat.
Il avait déjà dit « notre combat », ce n’était bien sûr pas par hasard.
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Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 10/04/2014 à 19:02:31
[HRP : Désolé, je sais pas ce que j'ai foutu. J'ai édité.]
Michael acquiesça sans afficher d'émotion particulière.
- Je vois, oui.
Ce n'était effectivement pas difficile de comprendre de quoi il parlait.
- C'est une proposition intéressante. Pour être franc, j'ai déjà envisagé plusieurs fois de rejoindre la cause. Jamais vraiment eu l'opportunité.
Il laissa passer un instant et jaugea ses deux interlocuteurs du regard.
- Avant d'accepter de vous rejoindre, je dois savoir exactement dans quoi je m'engage. Quel est votre objectif exactement ? Comment est-ce que vous comptez y parvenir ? Pas besoin de détails sensibles, juste des grandes lignes.
Accepter immédiatement aurait paru suspect. Si Michael voulait que l'armurier et son pote le prennent au sérieux, il fallait qu'il considère sa réponse comme un engagement irrévocable.
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Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 08/04/2014 à 21:37:46
Michael attaqua sa Guinness et termina la conversation avec David. Il fut heureux de voir arriver l'armurier. Il se joignit volontiers aux deux hommes et répondit à la question.
- Disons que je ne pense pas que se faire des câlins et faire comme s’il n’y avait pas de problème soit une solution. Le fait est que l’île d’Irlande ne fait pas partie de la Grande Bretagne. Les autorités British n’ont donc rien à y foutre.
Il laissa passer un moment pour voir si le copain de l'amrurier allait enchaîner. Si ce n’était pas le cas, il le relancerait lui-même sur le ton de la conversation banale.
- Pourquoi tu demandes ? |
Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 04/04/2014 à 15:03:26
Michael regarda la mousse remonter dans son verre de Guinness comme s’il était hypnotisé.
- Pas grand-chose. Comme d’hab. Et ici, quoi de neuf ?
Il n’y avait pas l’air d’y avoir grand monde mais ce n’était pas encore l’heure à laquelle les pubs étaient les plus fréquentés.
- Les affaires marchent bien ?
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Forum : Center District Sujet : [Pub] Sweet Eire Posté Le 02/04/2014 à 15:34:58
Domiciles > Appartement de Michael Connolly
Michael entra dans le bar où il était désormais une sorte d’habitué. Il salua d’un signe de tête les gens qu’il connaissait, même de vue et s’installa au comptoir où il chercha David du regard.
- I’ll have a pint of the black stuff.
C’était la fin de la matinée. Il n’y avait pas d’heure pour les bonnes choses. |
Forum : Domiciles Sujet : [Center District] 1134 Fishmarket street - Studio de Michael Connolly Posté Le 02/04/2014 à 15:34:11
AJ n’avait rien d’autre à dire. Il mit fin rapidement à la conversation et renonça à reprendre des nouvelles de Speedman dans l’immédiat. La psychopathe était peut-être encore dans les parages. Il avait encore du temps à tuer. Il s’occupa de sa voiture, nettoya les coussins souillés, aéra et passa une bonne dose de désodorisant. Ensuite, il partit à pied pour le Sweet Eire.
Loisirs et détente > Center > Sweet Eire
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Forum : Domiciles Sujet : [Center District] 1134 Fishmarket street - Studio de Michael Connolly Posté Le 31/03/2014 à 13:36:26
La voix de le la cinglée glaça le sang d’AJ qui tenta tant bien que mal de la raisonner.
- Carmen ?
Non, ce n’était toujours pas ça.
- Je pense qu’il est temps de passer l’éponge… L’eau a coulé sous les ponts et…
Il fut interrompu par le vacarme. Pauvre Speedman, il n’avait pas besoin de ça. Il tenta de raisonner son interlocutrice mais il doutait que qui ce soit l’entende encore.
- Cary ? Carla ? Cameron ?
Une fois la communication coupée, AJ raccrocha et téléphona immédiatement au 911. Il expliqua que via téléphone il avait été témoin d’une agression survenue à l’hôpital et qu’il fallait qu’on envoie une voiture rapidement. C’était plus prudent que de s’y rendre directement.
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Forum : Écrits Personnels Sujet : AJ Dickerson - (2) Sex, Guns & Rock'n'Roll Posté Le 27/03/2014 à 15:05:34
Epilogue : Seattle.
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Le crachin qui tombait sur Seattle avait le don d'exaspérer la population. Ca faisait deux mois qu'AJ était revenu dans la Cité Émeraude après cette terrible histoire et trois jours qu'il n'avait pas vu un rayon de soleil. Il en venait déjà à oublier la chaleur sèche et implacable de l'Arizona. Il n'était pas revenu seul. Cassie, aussi paumée que d'habitude était venue s'installer avec lui dans son appartement miteux qu'elle avait entreprit de rafraîchir. Elle avait d'abord hésité, Seattle ne lui évoquait pas de très bons souvenirs. AJ n'avait pas insisté, il n'était pas sûr de vouloir la voir débarquer dans sa vie. Elle avait fini par décider de venir quand même, parce que ça valait mieux que de rester seule à Whetstone ou de retourner s'engueuler avec son père. La relation entre AJ et Cassie avait évolué. Ils formaient désormais un couple. Un couple qui s'engueulait souvent et qui ne faisait pas toujours preuve d'une très grande fidélité, mais un couple quand même. On ne pouvait pas vraiment parler d'idylle, de deux âmes sœurs qui fusionnent pour n'en former plus qu'une. Il s'agissait davantage de deux âmes paumées qui avaient décidé de vivre paumées ensemble pendant quelques temps.
AJ se dirigeait vers son Starbucks fétiche quand Easton l'appela quelques mètres plus loin.
- Sergent !
Michael Easton était un jeune stagiaire, pas encore diplômé de l'académie qui venait explorer le terrain avec l'enthousiasme et la naïveté de ceux qu'AJ aimait à appeler « les puceaux ».
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il, blasé.
Pour toute réponse, le stagiaire montra du doigt un amas de cartons. En approchant, AJ remarqua qu'un homme était allongé au milieu des caisses. Le flic consentit à postposer son café du matin pour mieux se rendre compte de ce qu'il se passait. Le type était à peine conscient, en pleine descente. Ca sentait la fumée de crack à plein nez. Une bouteille en plastique bricolée pour en faire une pipe gisait sur le sol.
- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Easton visiblement tendu.
- On l'embarque, répondit AJ avec un petit sourire.
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Forum : Écrits Personnels Sujet : AJ Dickerson - (2) Sex, Guns & Rock'n'Roll Posté Le 27/03/2014 à 15:04:30
6 : Washington.
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Stephen Lancaster buvait son café tranquillement, assis à sa table au Senator’s. L’intérieur du bar était essentiellement en bois et bardé de décorations représentant l’ancienne équipe de baseball de laquelle il tirait son nom. Les Washington Senators avaient évolué dans un stade qui se tenait autrefois près de l’Howard University Hospital où le marshal faisait régulièrement examiner sa jambe handicapée. Tout en buvant, l’agent fédéral lisait le Post, raison pour laquelle il ne vit pas arriver AJ. Le flic de Seattle s’installa en face de lui.
- Alors, demanda-t-il, ça roule ?
Lancaster baissa son journal et ne cacha pas sa surprise.
- AJ ? Qu’est-ce que vous faites là ?
- Je suis venu rendre visite à mon pote Stephen, histoire de parler du bon vieux temps.
Sans gêne, le policier saisit un bagel dans l’assiette du marshal et commença à le manger avant de poursuivre la bouche pleine.
- Seattle, le blackout, les fusillades avec Cassie Myers au milieu… C’était la belle époque.
- J’y ai perdu ma jambe, rappela le marshal amer mais digne.
- Oui, mais vous touchiez encore des pots de vin de Pottas, ça devait quand même embellir le quotidien.
Le regard du marshal s'emplit de fureur.
- Comment osez-vous... ?
- C'est vous qui avez osé, l’interrompit AJ. Balancer notre planque de Seattle à Chavez, organiser le massacre et placer le pognon chez Anderson, il fallait en avoir une sacrée paire. J'imagine que vous n'aviez pas le choix, vous ne vouliez pas perdre votre gagne-pain. Ca va, les temps ne sont pas trop durs depuis que votre patron est en taule ?
Lancaster retrouva une contenance nettement plus calme.
- Pottas vous a manipulé, AJ. Il vous a fait avaler n’importe quoi.
- C'est vous qui avez balancé Scheidt à Chavez, poursuivit le policier local comme s'il n'avait pas entendu. C'est à cause de vous qu'il est mort et que Chavez l'a torturé pour obtenir la location de Cassie.
- C'est faux.
AJ faisait toujours mine de ne pas entendre.
- Ensuite, vous avez balancé Saxby. Il fallait que tous les survivants de Seattle meurent pour que votre vengeance à Pottas et à vous soit complète. Et puis ça a été moi à Vegas.
- Rien de tout ça n'est vrai.
- Bien sûr. Et le boiteux que les caméras de surveillance de la prison de Tucson ont filmé, c'est votre frère jumeau qui vous imitait ?
Le visage de Lancaster se crispa, révélant sa culpabilité. AJ sourit, son coup de bluff avait fonctionné. Après avoir tué Pottas, il avait été bien trop pressé de quitter la prison que pour s'attarder à visionner les enregistrements des visites.
Conscient de son aveu involontaire, Lancaster changea de tactique. Il sourit à son tour, sûr de son impunité.
- Qu'est-ce que vous allez faire ? M'arrêter ? Vous n'avez pas de preuve. Et je suis un agent fédéral, il va vous falloir un dossier sacrément solide pour m'inquiéter.
AJ éclata de rire, remit le bagel à moitié entamé dans l'assiette du marshal, et écarta les bras en signe d'impuissance.
- Vous avez raison.
Il se retourna et fit un signe à Larry, le Vice-président du Warlords Motorcycle Club qui était adossé au bar. Il portait sa veste en cuir et était accompagné par deux autres motards dont les écussons indiquaient « Warlords MC, District of Columbia ». Larry partit verrouiller la porte du bar et le marshal réalisa qu'à part AJ, eux et lui, il n'y avait plus personne dans l'établissement. Son visage se décomposa. AJ souriait.
- Ces messieurs aimeraient vous demander comment ça se fait qu'une bande de vigilantes nous attendaient à notre retour du Mexique sur un chemin paumé au milieu du désert. Chemin que vous nous aviez indiqué comme étant le seul où on pourrait passer tranquillement.
- Vous... vous n'oseriez pas.... Je suis un agent fédéral.
- Un agent fédéral bien encombrant. La DEA a déjà du se débarrasser de vous parce qu'ils avaient des soupçons, je ne pense pas que l'US Marshal Service se porte plus mal après votre mort.
AJ sortit le second pistolet qu'il avait pris à Chavez, celui avec lequel Cassie l'avait tué. Un FN Five Seven, petit, discret et efficace. La peur était partout sur le visage du Marshal.
- Ne faites pas ça. Je vous donnerai de l'argent. J'en ai pas mal de côté, de l'époque de la DEA, quand Robert me graissait la patte.
- Et qu'est-ce que vous faisiez pour qu'il vous graisse la patte ?
- Rien. Tout ce que je devais faire, c’était fermer les yeux.
- L’oisiveté est mère de tous les vices.
AJ appuya sur la détente. Trois coups de feu se fichèrent dans la poitrine de Stephen Lancaster qui mourut dans son café. |
Forum : Écrits Personnels Sujet : AJ Dickerson - (2) Sex, Guns & Rock'n'Roll Posté Le 27/03/2014 à 15:03:35
5 : Whetstone.
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La nuit était totalement tombée quand AJ gara le pick-up à proximité de la maison qu’il louait avec Cassie à Whetstone. Il faisait très frais. AJ avait enfilé une seconde chemise au-dessus de la sienne pour camoufler les tâches de sang. Il l’avait prise au gardien qu’il avait drogué et puis il avait effacé les images de toutes les caméras de surveillance du quartier de haute sécurité. L’alarme s’était déclenchée, comme prévu. AJ avait ensuite simplement refait le chemin en sens inverse. Au prix de quelques moments stressants, il avait réussi à quitter l’institution carcérale sans encombre.
Le faux gardien du Pénitencier Fédéral de Tucson eut un mouvement de recul quand il vit que la porte d’entrée de la maison était entrouverte. Les dernières paroles de Pottas lui revinrent comme une gifle : « Chario est sûrement en train de profiter de votre absence pour s’amuser avec Cassie… » AJ se mit à courir, il entendit des cris, attrapa sur son chemin le pistolet qu’il avait arraché à Chavez lors de leur rencontre à Vegas. Il arriva dans la cuisine éclairée d’un néon situé au dessus de la cuisinière. Chavez était allongé sur Cassie qui se débattait comme elle pouvait. Elle avait déjà le visage tuméfié, la jupe relevée et la culotte déchirée. AJ pointa le Glock sur Chavez qui se releva et pointa son nouveau pistolet sur Cassie qu’il tenait en bouclier.
- Lâche-la ! menaça AJ en visant du mieux qu’il pouvait.
- J’ai comme une impression de déjà-vu, ricana Chario qui s’était pratiquement retrouvé dans la même situation lors du black-out de Seattle.
AJ était décidé à prendre l’ascendant sur lui, à le décontenancer pour saisir la moindre chance de le neutraliser.
- Pottas est mort, c’est terminé.
- Tu bluffes.
AJ pointa du doigt l’écusson du Federal Bureau of Prisons qu’il portait sur son uniforme. Il déboutonna ensuite lentement sa seconde chemise pour dévoiler celle qu’il portait en dessous, parsemée de tâches de sang.
- Tu veux faire des tests ADN ?
Chavez parut décontenancé. Mais il ne relâcha pas suffisamment son attention que pour qu’AJ puisse l’abattre. Ce fut Cassie qui intervint. Elle lui balança un coup de coude dans l’estomac et lui arracha son arme des mains. Il recula et leva lentement les mains en signe de reddition. Cassie appuya sur la détente, trois fois. Les trois projectiles atteignirent Chario en pleine poitrine et le tuèrent instantanément.
AJ prit Cassie dans ses bras, mais elle n’avait pas vraiment l’air d’avoir besoin d’être réconfortée. Elle était plutôt soulagée. Enfin elle n’était plus une proie. Enfin sa vie pouvait reprendre normalement. Presque. AJ la lâcha pour appeler Larry, le Vice-président des Warlords. Il fallait nettoyer la scène et prévenir les contacts du club au bureau du shérif avant que les forces de l’ordre ne soient alertées par les coups de feu.
En attendant l’arrivée de la cavalerie, AJ approcha du cadavre et observa plus attentivement le tatouage du tueur. La représentation de Santa Muerte le fixait sur le bras de Chavez. La Sainte Vierge sous forme de squelette, icône d’un culte mexicain. La première fois qu’il avait vu ce tatouage, c’était à Seattle. Et les traces d’aiguilles dans le bras de Chavez ne laissaient aucun doute. Le toxicomane qu’AJ avait refusé d’arrêter quand son stagiaire le lui avait proposé était bien le cadavre qu’il avait devant lui. Son addiction à l’héroïne devait avoir érodé des capacités de tueur. C’était ce qui avait sauvé AJ à Las Vegas, et ce qui venait de sauver Cassie. Si AJ avait arrêté Chavez à Seattle, il aurait pu faire le lien avec la mort de Saxby. Il aurait pu empêcher l’attaque de Vegas, il aurait pu éviter l’agression dont Cassie venait d’être victime. AJ se sentait tout petit, honteux comme un enfant conscient qu’il a fait une bêtise. Il ne parvenait plus à détacher le regard du cadavre. Cassie revint à sa rencontre.
- Ca va ?
AJ déglutit, puis il passa aux aveux.
- Il était là, à la mort de Saxby. Quand je suis sorti de la scène de crime, il était défoncé, au milieu des poubelles. Je me souviens de son tatouage et des marques d’aiguilles. Mon stagiaire a voulu qu’on l’embarque, mais j’ai refusé. Des toxicos, y en a plein les rues, alors un de plus ou un de moins…
AJ secoua la tête d’un air de reproche face à ses propres explications.
- Et puis j’avais pas envie de me coltiner la paperasse, continua-t-il. Après, j’ai revu le tatouage quand il nous a attaqué à Vegas mais sur le moment, j’ai pas réalisé.
Cassie mit la main sur son épaule et contempla le cadavre à son tour en soupirant.
- L’oisiveté est mère de tous les vices. |
Forum : Écrits Personnels Sujet : AJ Dickerson - (2) Sex, Guns & Rock'n'Roll Posté Le 27/03/2014 à 15:02:05
4 : Tucson.
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Le soleil était déjà bas sur l'horizon quand AJ gara le pick-up sur le parking du pénitencier fédéral de Tucson, Arizona. La chaleur du désert était encore oppressante et il pouvait sentir sa transpiration entrer en contact avec son uniforme de gardien. Il commença à marcher en direction de la grande entrée. Son cœur battait la chamade et il y avait fort à parier qu'il ne transpirait pas qu'à cause de la chaleur. A mesure qu'il avançait, AJ essayait de se convaincre que le plus dur était fait.
Il avait d'abord fallu convaincre Ironhead qu'il n'avait rien à voir avec l'embuscade des vigilantes à la frontière mexicaine. Heureusement, Larry était intervenu au moment où le Président du club de motards avait son pistolet collé sur la mâchoire d'AJ. Le Vice-président avait argumenté que si AJ – ou Gabriel comme le connaissaient les bikers – avait voulu faire tomber les Warlords, il n'aurait eu qu'à prévenir la Border Patrol. Ironhead avait fini par baisser son arme, mais il n'en restait pas moins évident que les Warlords avaient été trahis. Cinq véhicules tous-terrains remplis de rednecks armés jusqu'aux dents n'avaient pas pu se retrouver, par hasard, au milieu de la piste du coin le plus paumé du désert arizonien. Ironhead avait fini par s'en prendre aux prospects, les candidats-membres du club. Larry remplit sa part du marché et, contre les plannings de patrouilles le long de la frontière, il mit tout en œuvre pour qu'AJ puisse pénétrer dans le pénitencier. Il fournit l'uniforme et le badge de Martin Spoke, un gardien depuis longtemps dans la poche du club. L'un de ses contacts parvint à mettre la photo d'AJ sur le badge de Spoke. Avec l'aide de ce dernier et de Larry, il mit au point le plan qui allait lui permettre de s'infiltrer dans la prison de Pottas.
Et ça y était, derrière la haute clôture grillagée s'étendaient les édifices en béton dont la couleur sable se mêlait au désert. Tout était anguleux, rectiligne, carré. AJ aurait pu voir dans cette rigidité un côté martial s'il n'avait pas été un jour confronté aux colonnades de l'Académie Navale d'Annapolis. Le parking donnait directement sur le bâtiment principal qui dominait les autres de quelques mètres. Les hautes portes vitrées étaient surveillées par l'un des « collègues » d'AJ. Le faux gardien présenta son badge avec un sourire courtois pour faire oublier la tension qui se dessinait sur son visage. Le garde hocha la tête et le laissa entrer à l'intérieur. Le hall d'entrée était large et sobrement décoré. AJ se sentait déjà moins tendu et il traversa la vaste salle pour se retrouver à nouveau à l'extérieur, assailli par la chaleur du désert. Il parcourut les allées d'un pas lent, presque lourd jusqu'à atteindre le premier bloc de détention. Il se rendit à l’endroit convenu et trouva le prisonnier qui correspondait à la description que lui avait donné Larry. Daniel Winters, ou Sidecars, était grand, large, bardé de tatouages dont celui des Warlords, il avait le crâne rasé, un bouc et une cicatrice sur le menton.
- Spoke, déclara AJ pour s’identifier de la manière convenue.
- T’as changé depuis la dernière fois, ricana le taulard, ça te va bien la barbe de trois jours. Tu aurais du succès ici.
AJ ne réagit pas. Sidecars l’emmena à travers les couloirs et profita d’un moment où personne ne les regardait pour lui donner un badge magnétique discrètement.
- Quartier de haute sécurité, couloir B, cellule 34.
AJ prit le badge, hocha la tête et poursuivit son chemin, seul.
Il arriva dans une cour où certains détenus profitaient encore des derniers rayons du soleil. Il approcha d’un mur qui délimitait la zone, souleva une pierre à l’endroit convenu, et prit un sachet en plastique qu’il fourra dans sa poche. Il se dirigea vers le quartier haute sécurité, utilisa le badge pour franchir un portique et traversa un détecteur de métaux sous l’œil attentif d’un gardien hispanique. Il entra ensuite dans un autre bâtiment, parcourut plusieurs couloirs en essayant de ne pas trop hésiter et de bien se souvenir du plan qu’il avait étudié. Il prit une porte et entra dans un débarras totalement sombre, comme prévu. Il vérifia l’heure sur sa montre aux aiguilles fluorescentes, il restait une dizaine de minutes pour la prise de fonction des équipes de nuit. AJ profita de l’interstice de lumière qui passait sous la porte pour déballer le sachet en plastique qu’il avait récupéré. Des gants en plastique, une aiguille, trop fine que pour être repérée par le détecteur de métaux, une seringue en plastique, et un flacon de 50ml d’une substance impossible à identifier pour ceux qui n’étaient pas initiés à la chimie. Il enfila les gants, assembla la seringue, et perça le bouchon pour la remplir. Il retira ses chaussures.
La tension était de plus en plus difficile à supporter, AJ faisait des efforts de respiration de femme enceinte en restant suffisamment silencieux que pour ne pas se faire remarquer. Un quart d’heure plus tard, il sortit du débarras, entra dans une pièce qui se situait juste en face, aussi silencieusement que possible. Il n’y avait qu’un gardien, assis devant une trentaine d’écrans qui retransmettaient les images des caméras de surveillance situées à l’intérieur des cellules individuelles. L’employé carcéral ne se retourna pas, il n’avait pas entendu AJ entrer. Tant mieux. Le faux gardien s’approcha de lui par derrière, pas trop vite, pas trop lentement. Il regardait le bas de la chaise. Il avait appris que les gens pouvaient ressentir le poids d’un regard et qu’il valait mieux ne pas fixer sa cible trop directement. Arrivé à la bonne distance, il saisit le gardien par le menton, lui coinça la tête sous son bras et planta la seringue dans la jugulaire. La victime perdit connaissance presque immédiatement et AJ relâcha son étreinte. Il devait en avoir pour au moins quatre heures. Il fallait espérer qu’il ne se réveille pas plus tôt que prévu. AJ le laissa aller au sol et le menotta pour plus de sécurité.
Le faux gardien retourna mettre ses chaussures, revint dans la pièce de surveillance et la traversa pour sortir par une autre porte. Quelques mètres plus loin, il était au couloir B. Il avança sous l’œil attentif des caméras jusqu’à la cellule 34. Il utilisa son badge pour déverrouiller la porte et la referma derrière lui. Comme toutes les cellules du quartier de haute-sécurité, celle-ci était individuelle et totalement insonorisée pour empêcher les détenus de communiquer entre eux.
Robert Pottas était assis sur sa couchette en train de lire. AJ eut du mal à le reconnaître. Il avait pris au moins trente kilos depuis les photos publiées par la presse au moment de son procès deux ans plus tôt. Le criminel cubain était énorme, il ne devait pas être loin des cent cinquante kilos. Il fixa AJ d’un air interrogateur tout en respirant bruyamment.
- Qu’est-ce que vous voulez ? demanda-t-il sèchement.
- Pottas ? s’enquit AJ toujours incrédule.
Le Cubain écarquilla les yeux, signe qu’il avait reconnu le faux gardien. Lui aussi ne devait l’avoir vu qu’en photo.
- Dickerson !
AJ afficha un sourire narquois, content d’avoir atteint son but. Il se trouvait face à son redoutable adversaire qui était devenu une masse informe et pathétique. Il enchaîna rapidement. Il savait que plus courte serait son entrevue avec Pottas, moins il avait de chances de se faire prendre.
- Qui est ce tueur que vous avez envoyé contre Cassie et moi ?
- Vous faites un joli couple tous les deux, rétorqua le malfrat avec le même sourire narquois qu’avait affiché le faux gardien.
AJ approcha d’un pas décidé et saisit son adversaire par le col.
- Comment l’avez-vous recruté ?
- Quoi que vous me fassiez, vous ne pourrez pas l’empêcher de remplir sa mission.
Le regard de l’ancien patron de la pègre était rempli de haine. AJ lui écrasa son poing plastifié au milieu de la figure. Du sang coulait du nez de Pottas.
- Faites ce que vous voulez, de toute façon, vous êtes déjà mort. Vous et cette petite salope de Cassie.
AJ répondit par un nouveau direct du droit. Cette fois, une giclée de sang éclaboussa le mur jaune clair de la prison. Avant que Pottas ne puisse lancer une nouvelle provocation, AJ le rattrapa par le col et le traîna tant bien que mal sur quelques mètres, jusqu’à la cuvette des toilettes en inox.
- Comment vous l’avez recruté ?
Connaître les modalités de recrutement permettrait à AJ de fixer un rendez-vous pour le neutraliser. Mais la seule réponse de Pottas fut un crachat ensanglanté à la figure du faux gardien. En colère, AJ lui força la tête dans la cuvette des toilettes et l’y maintint pendant d’interminables secondes. Quand il relâcha la pression, Pottas releva la tête dégoulinante et reprit sa respiration tant bien que mal. Vu sa corpulence, il ne devait pas être champion d’apnée. Quand il parvint à parler, il ne sortit qu’une insulte.
- Sale fils de…
Il fut interrompu quand AJ lui replongea la tête dans la cuvette des chiottes. Quand il le ressortit à nouveau, Pottas termina sa phrase.
-… pute.
Le faux gardien lui replongea immédiatement la tête dans la cuvette, sans vraiment lui laisser le temps de reprendre sa respiration.
La séance d’apnée interrompue continua pendant plusieurs minutes jusqu’à ce que Pottas se décide à parler. Il ruisselait de sang, d’eau, et sans doute d’autres choses.
- Il s’appelle Rosario Chavez mais tout le monde l’appelle Chario. Je n’ai pas eu besoin de le recruter, il travaillait pour moi avant. D’ailleurs vous l’avez déjà rencontré, dans cette clinique à Seattle.
Le Cubain afficha un petit sourire tant bien que mal, il était fier de son effet. AJ blêmit quand il repensa au faux chirurgien masqué qui avait tenté de tuer Cassie pendant le blackout à Seattle.
- Comment a-t-il retrouvé Cassie ?
Un tueur dont le patron était en taule n’avait pas vraiment d’appui. Il était impossible que Chavez ait réussi seul à obtenir des informations confidentielles du programme de protection des témoins. Pottas resta silencieux. Quand AJ lui reprit la tête pour la replonger dans les toilettes, il se décida à parler.
- Attendez !
Il se releva avant de lâcher le morceau.
- Lancaster. Le marshal…
- Vous mentez, l’interrompit AJ.
Le faux gardien s’apprêta à reprendre les simulations de noyade mais Pottas protesta.
- Non ! C’est vrai. C’était déjà mon informateur quand il travaillait pour la DEA en Floride. Il a été transféré chez les US Marshals quand ces patrons ont commencé à avoir des soupçons. Ils ont voulu éviter un scandale.
AJ lâcha totalement le détenu. Comment Pottas pouvait-il connaître le nom de Lancaster si ce dernier ne travaillait pas pour lui ? Son nom n’avait pas été diffusé dans la presse après le black-out.
- Quand Cassie a été admise dans le programme de protection des témoins, continua Pottas, c’est lui qui a monté l’opération de Seattle avec Chario.
AJ était sous le choc.
- Harry Anderson…
Harry Anderson était policier au SPD. Il avait été tué dans la fusillade du black-out à Seattle et avait été déclaré responsable des fuites après qu’on ait retrouvé de grosses sommes d’argent en liquide chez lui.
- Lancaster a planqué l’argent chez lui, éclaira Pottas. Avec deux divorces, pensions alimentaires et problèmes de jeu, c’était le client idéal.
- Enfoiré, conclut AJ plein d’amertume et de dégoût, mais sans énergie.
- Vous n’avez aucune chance, ajouta un Pottas de plus en plus prolixe. Chario est sûrement en train de profiter de votre absence pour s’amuser avec Cassie. Après, il vous tuera. Vous ne pourrez pas lui échapper.
Impossible de dire quelle partie de l’explication mit AJ hors de lui. L’image de Chavez avec Cassie ? La menace sur lui-même ? A moins que ça n’ait été le sourire carnassier du détenu… AJ lui bondit dessus et enserra son triple menton avec ses mains gantées. Pottas afficha une expression de surprise, puis il tenta vainement de se débattre, comme une tortue coincée sur le dos. AJ déployait toute son énergie à étrangler ce monstre, mais ce dernier continuait à respirer, de plus en plus bruyamment. Il fixait AJ de ses grands yeux paniqués. Au bout d’une bonne minute, AJ perdit patience et relâcha sa victime qui remplit ses poumons d’air aussi vite que possible. Avant que Pottas n’ait vraiment pu reprendre son souffle, AJ lui rattrapa la tête, mais au lieu de la plonger dans les toilettes, il l’abattit sur le rebord de la cuvette en inox. Il s’acharna plusieurs fois à envoyer le visage du malfrat cubain s’écraser sur le coin métallique. Le sang volait dans la pièce à chaque mouvement. Au bout de plusieurs coups, Pottas perdit connaissance, et après quelques impacts supplémentaires, il mourut. AJ s’en rendit compte immédiatement, mais il continuait de frapper, encore.
Quand il s’arrêta, le visage de Robert Pottas n’était plus qu’un amas de chairs sanguinolentes. AJ reprit sa respiration. Il regarda ses mains qui tremblaient et sa chemise bleue ciel, bariolée de sang. Il fallait qu’il sorte de là. |
Forum : Écrits Personnels Sujet : AJ Dickerson - (2) Sex, Guns & Rock'n'Roll Posté Le 27/03/2014 à 15:00:55
3 : Whetstone.
*
Le ventilateur du plafond ne brassait plus que de l’air chaud. A partir d’une certaine température, il n’y avait plus grand-chose à faire pour se protéger de la chaleur. AJ avait oublié à quel point il faisait étouffant dans ce coin de désert au fin fond de l’Arizona. La maison n’était pas trop mal. Les murs avaient besoin d’être repeints, les meubles et les électroménagers étaient vieillots. L’air conditionné aurait été le bienvenu, mais il y avait largement de quoi vivre correctement. La maison elle-même était plus confortable que l’appartement d’AJ à Seattle.
Cassie était en train de ranger la vaisselle, elle semblait se fondre à merveille dans son rôle de femme au foyer.
- Je crois que je pourrais vivre ici, déclara-t-elle avec un sourire timide. C'est une belle petite ville et les gens sont accueillants.
AJ ne voyait pas où elle voulait en venir. Cassie laissa la vaisselle pour venir se placer dans les bras du policier.
- On pourrait rester dans cette maison, formula-t-elle maladroitement. Ne pas repartir après, je veux dire.
AJ ne savait pas où cet ersatz de liaison qu'il entretenait avec la jeune femme depuis Washington allait le mener, mais il n'appréciait pas trop ce qu'il entendait.
- Je suis flic à Seattle, répondit-il un peu au hasard.
- Il y a des flics ici aussi, rétorqua-t-elle sur un air guimauve.
- Dans une ville aux mains d'un gang de bikers, ça doit être sportif.
- Peut-être qu'ils nous aideront à arrondir les fins de mois répliqua-t-elle souriant.
AJ tenait à mettre fin à cette conversation particulièrement dérangeante. Il décida de casser net les illusions de la jeune femme.
- Un shérif corrompu et une pute toxico, ricana-t-il, joli conte de fées. On peut déjà acheter une caravane sans roues pour nos enfants.
La gifle claqua et la joue d'AJ commença à rougir. Le policier hésita à rendre les coups, mais Cassie partit immédiatement dans une crise d'hystérie et de larmes.
- Tu peux oublier les enfants ! hurla-t-elle en soulevant son t-shirt.
Elle révéla ainsi la cicatrice qu'elle avait sur le bas du ventre. AJ se souvenait de la balle qu'elle avait prise pendant le black out, pendant qu'il était chargé de veiller sur elle.
- Ca a traversé l'utérus ! poursuivit-elle encore plus fort. Au mois, grâce à mon souvenir de Seattle, on n'a pas à acheter de caravane !
Elle quitta la pièce en claquant la porte. AJ ne savait de toute façon pas quoi répondre. Il remit son stetson blanc, le chapeau de cow-boy typique qui devait le protéger du soleil. Il sortit de la maison et marcha en direction du Warlords' Den, le bar qu'on lui avait indiqué.
Quand Stephen Lancaster les avait informés que Pottas était détenu au pénitencier fédéral de Tucson en Arizona, AJ et Cassie avaient pris le premier vol en partance de Washington Dulles avec une escale à Dallas. Le capitaine Gregory avait gueulé quand le sergent lui avait annoncé qu'il prenait un congé sans solde. Décidé à ne pas se laisser faire, l'inspecteur lui avait simplement raccroché au nez. AJ et Cassie étaient restés quinze jours à Tucson, dans un motel minable à essayer d'en apprendre davantage sur l'institution carcérale et le milieu criminel local. Ils avaient fini par apprendre qu'un club de motards de la petite communauté de Whetstone (deux mille trois cents cinquante-quatre habitants) avait certains de ses membres qui y purgeaient leur peine. Par conséquent, les bikers du Warlords Motorcycle Club jouissaient d’une certaine influence à l'intérieur des murs du pénitencier. Le déménagement n'avait pas traîné et, pendant que Lancaster utilisait ses contacts en Floride pour essayer d'en apprendre plus sur l'ancienne organisation de Pottas, AJ était décidé à s'arranger une petite entrevue en tête-à-tête avec le mafieux cubain.
Quand ils virent entrer AJ, plusieurs bikers le dévisagèrent. Ils portaient tous un blouson de cuir sans manche, une vraie prouesse par cette chaleur. AJ remarqua le sigle du club dans le dos de la veste : une croix pattée avec un crâne en son centre. En plus des bikers, plusieurs jeunes filles semblaient fréquenter le bar, ou plutôt ses clients. Elles avaient la peau matte et des tenues courtes. L'une d'entre elles était en train de jouer au billard. Elle portait un mini short en denim qui laissait à l'air libre ses longues jambes cuivrées, elle avait un t-shirt rose bonbon noué sous sa poitrine décolletée et une longue chevelure brune et bouclée. Penchée sur la table, elle ne tentait pas de cacher le fait qu'elle se servait de ses seins pour maintenir la queue de billard dans son axe. Comme s'il ne faisait pas déjà assez chaud…
L'un des bikers arriva à la rencontre d'AJ au moment où celui-ci se découvrait la tête. Le motard avait des cheveux noirs frisés, un bouc et un tatouage de toile d'araignée qui grimpait sur le côté droit de son cou. Sur sa veste figurait un écusson qui indiquait « V. President ».
- C'est pourquoi ? Demanda-t-il un peu méfiant.
- Gabriel Gray, répondit AJ en donnant sa fausse identité.
- Suivez-moi, ordonna le vice-président des Warlords.
Le contact du policier à Tucson ne l'avait pas lâché. Le biker emmena AJ jusqu'à une salle derrière le bar et ferma la porte derrière le visiteur. Le local portait une grande table en son centre, comme une salle de réunion. Les murs étaient recouverts de vieilles photos de membres du club et de leurs Harley, de drapeaux américains, de plaques métalliques à l'effigie de leur constructeur moto favori. Un immense drapeau noir avec en son centre une croix pattée blanche surplombait un présentoir sur lequel trônait une crâne humain. Difficile de dire s'il s'agissait d'une reproduction ou pas.
- Larry Rowley, dit le Warlord en s'asseyant et en indiquant à AJ de faire de même. Je suis le vice-président de ce club.
- Enchanté, répondit AJ en prenant place autour de la table.
- Que puis-je pour vous ?
- Me faire entrer dans le pénitencier fédéral de Tucson, quartier haute sécurité.
- C'est ce que j'ai cru comprendre. Pourquoi ?
- Pour rendre visite à un ami.
Rowley sourit. Evidemment, si Gabriel Gray avait voulu rendre visite à un ami, il aurait simplement utilisé le système de visites classique. AJ n'était pas prêt à dévoiler ses motivations et Larry n'avait pas d'intérêt à pousser davantage.
- Dans ce monde, rien n'est gratuit, déclara-t-il en écartant les mains en signe d'impuissance.
- Qu'est-ce que vous voulez ? Demanda AJ qui s'était attendu à cette réaction.
- Je crois savoir que vous avez des contacts dans les forces de l'ordre.
- Notre ami à Tucson a une grande gueule.
- Nous attendons une livraison de Caborca au Mexique. Vous allez accompagner la cargaison et il serait plus pratique pour tout le monde que vous ne rencontriez personne à la frontière.
- Quelle marchandise ?
- Pas important. Je vous laisse décider de la date et de l'heure du voyage. Quand ce sera fait, vous préviendrez Hammer c'est lui qui est en charge de l'opération.
Après que Gabriel Gray ait donné son accord, Larry le ramena dans le bar pour lui présenter Brian « Hammer » Rios, Seargent-at-Arms pour le club. C’était une énorme armoire à glace, chauve avec une moustache redneck qui descendait jusqu'au bas de sa mâchoire. Il était fan d'armes à feu en tous genres.
Après quelques précisions sur les modalités du transport de marchandises, AJ regagna la maison qu'il avait louée avec Cassie. Cette dernière s'était absentée, sans doute pour tirer la gueule. Le flic de Seattle commença donc à préparer l'aide qu'il allait apporter à un club de motards hors la loi. C'était moralement discutable, mais la fin justifiait les moyens. S'il voulait éviter de se faire trouer la peau par un tueur à gages, AJ n'avait pas le choix. Grâce à Lancaster, US Marshal, et ses contacts à travers toutes les agences fédérales du pays, il n'eut aucune difficulté à récupérer les plannings de l'US Border Patrol ainsi que de l'Arizona Highway Patrol. Le bureau du shérif du Cochyse County se faisant graisser la patte par les Warlords, il n'était pas nécessaire de s'en inquiéter. Grâce à une carte fournie par les motards et avec l’aide de Stephen, AJ parvint à trouver un créneau horaire où une piste hors route était totalement à l'abri de toute patrouille. Il téléphona à Hammer pour fixer le rendez-vous, deux jours plus tard, pendant la nuit.
Après deux jours de réconciliation sur l'oreiller avec Cassie, AJ retourna au Warlords' Den, il avait avec lui le Glock pris au tueur de Las Vegas, au cas où. Il était dix-sept heures. En plus d'Hammer, sept autres bikers l'attendaient. Toutes les sortes de barbes, tatouages et cicatrices étaient représentés. Les bikers grimpèrent sur leurs différentes Harleys à l'exception de Lightning qui monta dans le grand van blanc Chevrolet Express, avec AJ. Il était convenu que ce dernier conduirait pour les cinq heures de route à l'aller et que le biker se taperait le retour, avec la manœuvre délicate du passage de la frontière avec une marchandise prohibée.
Les moteurs se mirent en route, celui du van sans fenêtre à l'arrière passa totalement inaperçu à côté des six motos customs. Quatre des deux roues ouvrirent la voie, AJ suivit avec le van et les deux dernières motos fermaient le convoi. Whetstone fut bientôt perdue dans les rétroviseurs, seul le désert s'étendait à perte de vue alors que le soleil s'approchait de l'horizon. Il y avait un côté grisant à se faire escorter par des motos et les Harleys avaient une sacrée gueule. AJ n'avait jamais fréquenté le milieu des bikers auparavant, mais là, il ressentait une certaine admiration pour l'aspect de ses cavaliers des temps modernes chevauchant leurs montures d'acier. L'autoradio qui balançait un vieux rock des années septante n'y était sans doute pas pour rien. Face aux cinq longues heures de route qui l'attendaient, le conducteur du van tenta de faire la conversation à son passager. Mais à part les putes, les tatouages, l'alcool et les Harleys, peu de choses intéressaient le vieux biker aux cheveux noirs coiffés en arrières, à la grosse moustache et aux yeux de pervers. Malgré certains points communs entre les deux hommes, les sujets de conversations s'épuisèrent vite.
Le convoi finit par s'écarter de la route pour rejoindre une piste tracée dans le désert. Le van roulait presque normalement, mais les motards furent contraints à un effort de concentration pour éviter les chutes. Les Warlords et leur invité traversèrent la frontière mexicaine sans croiser de poste de douane, point de contrôle ou de patrouille et purent continuer leur route vers Caborca.
La nuit était tombée depuis un bon moment et AJ commençait à lutter contre le sommeil quand ils arrivèrent en vue de la ville mexicaine. La troupe s'arrêta sur un parking désert en dehors de la ville et fut rejointe par un camion. Plusieurs Mexicains armés en sortirent et l'un d'entre eux vint discuter en espagnol avec Hammer. Les autres Warlords assistaient à la scène, armes à la main. C'était un peu comme une bataille antique où les deux armées se regardaient en chien de faïence pendant que les généraux négociaient au milieu du futur champ de bataille. Heureusement, il n'y eut pas de combat. Les généraux échangèrent une poignée de main, et Hammer donna un sac de sport au Mexicain qui l'ouvrit pour vérifier qu'il contenait bien des billets verts. AJ était descendu du van, prêt à donner un coup demain pour transférer la marchandise, quelle qu'elle soit. Il ne s'était pas attendu à voir la marchandise marcher toute seule vers lui. Une dizaine de jeunes filles traversèrent le parking et si toutes étaient supposées majeures, certaines ne devaient pas l'être depuis longtemps. Une fois qu'elles furent toutes entassées à l'arrière du van sans banquette, Lightning se mit au volant et le convoi reprit la route en sens inverse.
- C'est ça, la marchandise ? interrogea AJ, abasourdi.
- C'est une vraie opportunité pour elles, répondit Lightning avec un sourire malsain, elles quittent la misère et elles vont pouvoir vivre dans un pays riche.
- A sucer des abrutis dans les ruelles sombres de South Central ?
- The American Dream ! rétorqua le biker en riant.
AJ ne put s'empêcher de rigoler à la réponse de Lightning, même s'il continuait à secouer la tête, incrédule. La traite d'êtres humains était un crime grave et s'il devait y être mêlé, ça pourrait lui coûter cher, mais c'était toujours mieux que de finir avec une balle dans la nuque pour ne pas avoir pu confronter Pottas. Et puis, une fois le van ramené à Whetstone, cette histoire ne le concernerait plus. C'était les Warlords qui menaient cette affaire, pas lui. Il restait à espérer que le trajet du retour se passe bien, mais il n'y avait pas de raison que ça se passe mal. Toutes les précautions avaient été prises.
Après trois heures de route, les motos et le van reprirent la même piste pour traverser la frontière et dès qu'ils arrivèrent sur le sol américain, ça se passa mal. La piste était bloquée par trois gros véhicules tous-terrains et deux pick-ups. Leurs phares éclairaient le désert. Sept ou huit hommes étaient debout dans les pick-ups et devant les 4X4, ils étaient armés de fusil à pompes, de revolvers et de pistolets. AJ entendit Lightning jurer et les autres motards aussi, à mesure qu'ils s'arrêtaient devant le barrage. A l'arrière du van, les filles arrêtèrent de parler, conscientes que quelque chose n'allait pas. AJ ne comprenait pas, il ne devait pas y avoir de patrouilles, il plissa les yeux pour tenter de reconnaître l'insigne sur les portière des voitures et ainsi savoir qui les arrêtaient. Mais il n'y avait pas d'insigne. Les véhicules et leurs occupants armés étaient des civils. L'un des bikers descendit de sa bécane et s'avança vers le barrage. AJ le reconnut comme étant le Président du club. Il ne lui avait encore jamais parlé et il ne le regrettait pas. Ironhead avait la réputation d'être violent et impulsif. Pourtant, malgré les circonstances, là, il était calme.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il aux civils armés sans chercher qui que ce soit en particulier.
- Nous sommes les Citoyens Concernés du Cochyse County, répondit l'un d'entre eux, un homme d'une cinquantaine d'années bedonnant.
AJ avait entendu parler de ces groupes de vigilantes, des civils armés qui se prenaient pour des justiciers. Ils étaient généralement racistes et parcouraient la frontière mexicaine à la recherche de clandestins qui tentaient de passer aux Etats-Unis. Ce n'était pas bon.
- Nous sommes un club de motards, rétorqua Ironhead en levant les mains face à toutes les armes qui étaient braquées sur lui, on a été faire une ballade au Mexique, et on rentre chez nous.
AJ surprit Larry en train de faire des signes discrets aux autres membres du club. Lightning prépara un fusil à pompes et son passager sortit le .357 SIG du tueur de Las Vegas. Ca allait mal tourner dans pas longtemps.
- Qu'est-ce qu'y a à l'intérieur du van ? Insista le vigilante.
- Des rafraîchissements, mentit le Président des Warlords, il fait chaud dans le désert.
- Ouvrez le van et laissez-moi regarder.
La réponse vint sous la forme de la déflagration d'un coup de feu. Ironhead avait dégainé et le porte-parole des Citoyens Concernés du Cochyse County s'effondra au sol avec un trou juste au dessus-du nez. Les coups de feu et les cris plurent. AJ se pencha, sortit du véhicule et se servit de la portière comme couverture. Il entendait les filles hurler derrière et ne voulait pas savoir si c'était par peur où si certaines d'entre elles avaient déjà été touchées. Le flic de Seattle arma le pistolet et jeta un coup d'œil rapide par la vitre de la portière. Il vit un biker étendu au sol et, en même temps, repéra un vigilante debout sur un pick-up avec un fusil à pompe. Mauvaise idée. AJ passa à côté de la portière, un genou à terre, et tira deux balles dans la poitrine du Citoyen Concerné qui tomba de son promontoire. Il regagna sa couverture quand une balle toucha sa portière. Il décida de se faire oublier et resta quelques instants à couvert. Autour de lui, la fusillade continuait. Après un autre rapide moment d'observation, AJ repéra un vigilante en train de courir en longeant les véhicules, il sortit à nouveau de sa cachette, et tira deux coups, en visant très légèrement devant. Le premier projectile frappa le sol, dégageant un nuage de sable et le second se figea dans la carrosserie d'un 4X4. La cible atteignit sa couverture et AJ se planqua à nouveau.
Les coups de feu s'arrêtèrent et des moteurs se mirent en marche. AJ sortit de sa planque et rejoignit les bikers pendant que deux véhicules prenaient la fuite. Avec d'autres, il ouvrit le feu sur les fuyards pendant qu'Ironhead remontait sur sa moto avec un de ses bikers afin de lancer la poursuite. L'un des véhicules tous-terrains s'arrêta sans qu'AJ ne sut jamais si c'était lui ou un autre qui avait tiré la balle qui avait touché le conducteur. Tous se ruèrent sur le 4X4 immobilisé et sortirent les deux passagers survivants de l'habitacle. Avant qu'AJ n'arrive, les bikers avaient exécuté tous les occupants du véhicule. Ironhead et le dernier 4X4 étaient presque hors de vue, mais personne n'avait de doute sur l'issue de la poursuite. Il ne fallait pas de témoin.
Il restait à compter les victimes. En plus des trois occupants du tous-terrains qui avait tenté de fuir, trois autre Citoyens Concernés étaient morts, en ce y compris celui qu'AJ avait abattu. Il n'en restait donc tout au plus que deux dans le véhicule qu'Ironhead poursuivait. Du côté des bikers, il y avait deux morts : Hammer et celui qui jouait au billard avec la belle plante la première fois qu'AJ était entré dans le Warlords' Den. Il y avait également un blessé qui avait pris une balle dans l'épaule, un grand blond avec une barbe carrée et un tatouage du club sur l'avant bras et qui répondait au surnom de Needles. A l'arrière du van, aucune fille n'avait été blessée même si la panique avait laissé des traces sur leurs visages et si au moins l'une d'entre elle avait vomi.
- Je vais pas pouvoir rouler jusque Whetstone, déclara Needles en se tenant le bras. Le sang coulait, la balle lui avait traversé l'épaule.
- Mets-toi dans le van, répondit AJ, je vais reprendre le volant.
Le policier n'était jamais monté sur un deux-roues, conduire le van lui paraissait plus prudent.
- Lightning n'a qu'à ramener ta Harley à Whetstone, poursuivit AJ.
- Non, intervint Larry. Lightnging, il faut que tu restes ici pour nettoyer. Ironhead et Greasy vont revenir t'aider.
Lightining hocha la tête et AJ ne demanda pas ce que le vice-président entendait pas « nettoyer ».
- Gabe, je te raccompagne jusque Whetstone.
AJ avait presque oublié sa fausse identité. Il aida Needles à monter dans le van et reprit le volant. Le véhicule se remit en route, accompagné par la seule Harley de Larry.
- Qu'est-ce que Larry a voulu dire quand il a demandé à Lightning de rester pour nettoyer ? demanda AJ à son compagnon blessé.
- Il va faire disparaître les traces de notre présence, répondit le biker fatigué.
- Quoi ? Il va enterrer les corps ?
- Il va brûler les voitures et les motos avec les corps dedans. Ca rendra l'enquête plus difficile.
- Vous n'avez pas peur qu'on remonte jusqu'à vous ?
- On est dans la juridiction du Cochyse County et on a le shérif dans notre poche. Ca va bien se passer.
AJ hocha la tête, un peu plus rassuré. Le reste du trajet se déroula sans encombre et AJ apprit même que le surnom de Needles lui venait de son addiction à l'héroïne malgré son abstinence totale depuis plus de quinze ans.
Le van se gara sur le parking du Warlords' Den et AJ soupira de soulagement. Des prospects, les candidats-membres du club, emmenèrent les filles Dieu sait où. Larry se prépara à emmener Needles chez un médecin et arriva à la rencontre d'AJ.
- T'as fait du bon boulot, lui dit-il en lui serrant la main et en terminant pas une accolade.
- Merci.
- On verra demain pour le pénitencier.
AJ hocha la tête, satisfait. Larry repéra l'amatrice de billard qui se tenait à l'entrée du bar et lui fit signe de s'occuper d'AJ. Elle approcha et enlaça le policier qui fit un signe de remerciement au vice-président du club.
Catalina emmena AJ dans une des chambres au-dessus du bar. Ces chambres étaient normalement réservées aux membres du club, mais vu les circonstances, personne n'aurait pensé à en refuser l'accès au partenaire des Warlords. AJ se révéla moins fatigué que ce qu'il n’avait pensé et Catalina était aussi douée pour les parties de jambes en l'air que pour le billard. AJ s'endormit fatigué et satisfait. Le réveil s'avéra nettement plus désagréable. Gabriel Gray hurla quand il vit l'expression enragée d'Ironhead à deux centimètres de son visage.
- Traître ! hurla le président des Warlords.
Catalina sortit du lit en courant, sans même prendre la peine de se rhabiller. Ironhead força AJ à quitter le lit et le policier s'entoura tant bien que mal d'un drap. Il descendit les escaliers quatre à quatre, poursuivi par le biker fou qui n'eut aucun mal à le rattraper et à le coller au mur. Il sortit un pistolet .45 ACP et le colla sur la mâchoire de sa victime immobilisée.
- C'est toi qui nous a balancé aux vigilantes, déclara Ironhead avant de tirer sur le chien du pistolet. |
Forum : Écrits Personnels Sujet : AJ Dickerson - (2) Sex, Guns & Rock'n'Roll Posté Le 27/03/2014 à 14:59:59
2 : Washington.
*
AJ et Cassie s'assirent sur un banc, au milieu de la verdure de l'East Potomac Park, à deux pas du Jefferson Memorial en plein centre de Washington, DC. Les fonctionnaires fédéraux commençaient à sortir de leurs bureaux pour profiter de leur pause de midi et des joies du printemps. L'herbe était tondue, les arbres impeccablement taillés, et quelques joggeurs arpentaient les allées avec des écouteurs dans les oreilles. AJ reconnut immédiatement le visage rectangulaire de Stephen Lancaster. Celui qui avait accompli de nombreuses missions dangereuses et intensives pour les US Marshals avançait désormais à petits pas en s'appuyant sur une canne en châtaignier. Il s'installa tant bien que mal à côté d'AJ, ouvrit son sac en papier brun et commença à manger un sandwich.
- Comment allez-vous ? demanda AJ qui ne voulait pas paraître trop impoli en entrant directement dans le sujet qui l'amenait.
- Ca va, répondit le Marshall avec l'attitude d'un homme blessé qui tient à rester digne. Je ne suis plus capable d'aller sur le terrain alors ils m'ont collé dans un bureau. Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais terminer ma carrière.
- C'est la balle que vous avez prise à Seattle ?
- Oui, ça m'a démoli la rotule. Après, y a eu des complications. Hémorragie interne, tout le tintouin. J'ai failli perdre ma jambe.
Cassie restait silencieuse, elle n'osait même pas regarder le Marshall, se sentant sans doute responsable.
Après un silence gêné, AJ entra enfin dans le vif du sujet.
- Pottas essaie de nous tuer.
- Pottas est en prison et son organisation démantelée.
- Le Marshall qui tenait Cassie à l'œil...
- Scheidt ? Le FBI m'a contacté après que Miss Myers leur ait fait part de ses craintes. Il est mort à Buffalo à cause d'une autre affaire.
- Saxby est mort.
- Qui ?
- Un ancien flic de Seattle. Avec vous et moi, c'est le seul de l'équipe à avoir survécu à l'attaque du black-out.
- Assassiné ?
- Overdose.
Lancaster haussa les épaules pour signifier à AJ qu'il avait lui même démontré qu'il n'y avait pas de lien. Mais AJ n'en n'avait pas fini.
- On a essayé de me tuer dans ma chambre d'hôtel.
- Ici ?
- A Vegas. Un homme d'origine hispanique s'est introduit dans ma chambre avec un Glock muni d'un silencieux. On s'est battus, il a réussi à s'enfuir.
Lancaster soupira et hocha la tête.
- Si Pottas a décidé de se venger de tous ceux qui sont responsables de son incarcération, continua AJ, vous êtes en danger aussi.
- Il faut aller voir le FBI.
- Ils vont nous envoyer péter. Il n'y a pas d'élément pour appuyer l'idée que Pottas soit derrière tout ça.
- Votre chambre d'hôtel...
- Je me suis barré sans rien dire. J'avais réservé sous un faux nom de toute façon, comme à chaque fois que je vais à Vegas.
Lancaster lança un regard en coin à AJ. Il comprit que le policier devait se livrer à des activités douteuses lors de ses virées dans le Nevada.
- Qu'est-ce que vous attendez de moi ?
- Il faut que vous trouviez tout ce que vous pouvez sur Pottas et son gang. Qui travaillait pour lui, même les rumeurs... Ca peut nous aider à retrouver le tueur et à le faire parler.
- Ca va prendre du temps de tout éplucher, en admettant qu'il y ait quelque chose d'utile dans le dossier.
- Trouvez-moi le lieu d'incarcération de Pottas. J'irai lui rendre une petite visite pendant que vous étudierez le dossier.
C'était toujours mieux que de devoir étudier le dossier soi-même. AJ abhorrait la paperasse.
- Pottas ne voudra jamais vous rencontrer, protesta le Marshal.
- Ca, c'est mon problème, conclut AJ.
Lancaster s’attela à la tâche qui lui avait été confiée pendant qu’AJ et Cassie profitaient du printemps dans la capitale. Un peu de shopping pour Cassie, un match de baseball dans un bar derrière une Bud pour AJ, les vacances étaient plutôt agréables malgré les circonstances.
Ils mangèrent dans une pizzeria avant de commencer véritablement la soirée dans l’un des nombreux bars étudiants de Georgetown.
- A seize ans, je me voyais devenir actrice et mon père voulait que je fasse des études, expliqua-t-elle avec nostalgie. Mais j'ai jamais été douée pour les études et je supportais plus que mon père me gueule dessus, alors j'ai fugué. Je suis partie à Hollywood.
AJ avala une gorgée de bière en écoutant. Il était atterré par la naïveté de la jeune femme mais en même temps, il ne pouvait pas s'empêcher de repérer certaines similitudes avec sa propre jeunesse : une famille aisée et un père despotique aux attentes démesurées.
- Ca s'est passé comment ? Demanda-t-il sans imaginer autre chose qu'un lamentable échec.
- Pas exactement comme prévu. J'ai fait quelques castings tout en bossant comme serveuse, mais j'ai jamais percé.
AJ sourit, la déconfiture annoncée lui inspirait une certaine tendresse.
- J'ai commencé à sortir dans les clubs, continua-t-elle, les boîtes de nuit soi-disant fréquentées par les stars, j'espérais qu'on remarque mon talent mais tout ce que ça m'a apporté, c'est des mauvaises habitudes.
Des mauvaises habitudes, c'était une façon édulcorée de parler de consommation de stupéfiants. De part son métier, le sergent Dickerson connaissait bien ce genre de langage.
- Ensuite, expliqua Cassie un peu gênée, j'ai rencontré un producteur qui m'a proposé de tourner dans ses films. Seulement, c'était pas des films... classiques.
AJ faillit recracher sa bière en éclatant de rire. Et puis, il se rendit compte qu'il était en train de parler à une actrice de films X et il essaya de se souvenir s'il ne l'avait pas déjà vue à l'écran. Par après, son attention fut attirée par le cou de la jeune fille, dégagé de la longue chevelure blonde. Il commençait à peine à remarquer à quel point elle était sexy.
- Après quelques films, je me suis rendue compte que je ne serai jamais une actrice de films normaux, poursuivit-elle, alors, je suis rentrée au Texas.
- Et ton père ?
- Au début, ça allait. Toute ma famille était contente que je sois revenue. Et puis, il s'est remis à crier parce que je ne faisais rien. « L’oisiveté est mère de tous les vices », imita-t-elle. C’était son proverbe préféré. Je suis partie, de nouveau, avec un homme.
- Pottas ?
- Non, un ex-taulard qui voulait reprendre le droit chemin. Mais il est retourné en prison pour braquage.
AJ haussa les épaules, comme pour confirmer à Cassie qu'elle n'aurait pas pu le prévoir, même s'il était loin d’en être convaincu.
- Après ça, je suis encore retournée chez mes parents, et puis quand c'est de nouveau devenu invivable, je suis partie en Floride. J'ai commencé à travailler comme stripteaseuse avant d'être repérée par les hommes de Robert.
AJ n'écoutait déjà plus beaucoup l'histoire de la jeune femme. Enfin, il releva quand même la tête quand il entendit le mot « stripteaseuse ».
- Ils m'ont engagée pour passer de la drogue, j'étais assez douée. C'est à ce moment là que je suis devenue accroc.
Même s'ils ne dégageaient pas l'impression d'une grande intelligence, ses yeux bleus étaient très agréables à regarder, presque autant que la naissance de ses seins derrière sa petite robe décolletée.
- J'ai du me prostituer pour pouvoir me payer mes doses. J'ai rencontré Robert au cours d'une fête organisée pour lui. Son anniversaire je crois. Je lui ai plu, on est sortis ensemble. Je devais toujours passer le la coke et me taper des mecs, mais au moins, le pognon n'était plus un problème.
- La belle vie, commenta AJ avec un sourire en coin.
- Et puis le FBI m'est tombé dessus, dit-elle en ignorant le commentaire sarcastique de son interlocuteur. Ils m'ont dit qu'ils avaient la preuve que je transportais de la drogue et que si je ne témoignais pas contre Robert, ils m'enverraient en prison pour vingt ans. Pendant six mois j'ai rapporté tout ce qu'il faisait au FBI.
Le coup classique. Que ça ait été vrai ou pas, les fédéraux n'avait pas le moindre intérêt à ce que Cassie finisse en taule.
- Et puis, le programme de protection des témoins ? demanda AJ.
- Après ma cure de désintox, ils m'ont envoyée dans le Nebraska. J'ai travaillé comme vendeuse dans un magasin d'aliments pour animaux de ferme. Je suis restée clean et tout s'est bien passé pendant deux ans, jusqu'à la mort de Scheidt.
La fin de l'histoire laissa place à un silence un peu gêné.
- Et toi, comment tu es devenu flic ? Demanda-t-elle pendant qu'AJ commandait une bouteille de tequila.
- Mon père voulait que je sois officier dans la Navy, comme tous les hommes de ma famille depuis des générations. Mais moi non plus, je n'étais pas très doué pour les études.
Après avoir versé les deux premiers verres, AJ et Cassie trinquèrent à leur point commun avant de lécher le sel sur le dos de leur main, d'avaler la tequila et de mordre dans un quartier de citron. Ils fermèrent les yeux tous les deux en même temps pour s'habituer à l'alcool fort et AJ tapa du poing sur la table avant de servir la seconde tournée et de reprendre son histoire. L'éviction de l'académie navale, sa vie minable de videur dans un bar miteux au fin fond de l'Arizona, et puis le départ pour Seattle et l'académie de police pour ne pas sombrer définitivement dans l'alcoolisme. Il raconta tout, de façon aussi complète et sincère que Cassie. A la fin de l'histoire, leur estime l'un pour l'autre avait augmenté, autant que leur taux d’alcoolémie.
Le reste de la soirée fut un peu flou pour AJ. Il se souvint avoir chanté à tue-tête « Islands in the Stream » dans un bar-karaoké. Ivre, il trouvait son imitation de Kenny Rogers tout-à-fait acceptable et Cassie faisait une Dolly Parton bien plus fraîche que l'originale.
Le lendemain, AJ fut réveillé par la sonnerie de son téléphone. Il avait à nouveau un marteau piqueur qu'il avait dans la tête. Il était nu dans le lit d'une chambre d'hôtel mais au moins, c'était bien la sienne. Et si Cassie était aussi nue que lui à ses côtés, il n'y avait personne d'autre cette fois. Il fallut plusieurs sonneries pour qu’AJ parvienne à émerger suffisamment que pour décrocher.
- Allô ? demanda-t-il sans que ça ne ressemble à grand-chose.
- Je sais où Pottas est incarcéré, annonça la voix de Lancaster. Il est au Pénitencier Fédéral de Tucson, Arizona. |