[Panama] Panama City

Du côté pacifique, l'entrée du canal de Panama se fait à Panama City en passant sous le pont des Amériques, très longtemps seul lien existant entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du sud. L'entrée des bateaux passe sous ce pont qui se trouve dans le district de Balboa.

C'est après une bonne dizaine de jours de voyage que le bateau mouilla l'encre dans le port de Panama. La liste d'attente pou passer les écluses était de quelques heures et AJ comme beaucoup d'autres se vit donner l'autorisation de débarquer le temps de quelques heures histoire de se "ressourcer" à l'Irlandaise.

Les dix jours de voyage s'étaient plutôt bien passés. Seattle avait fini par disparaître dans l'obscurité. Michael avait eu le mal de mer les deux premiers jours. Il avait passé son temps entre sa couchette, les toilettes et le pont pour prendre un peu l'air frais du Pacifique Nord.

Il mena des inspections régulières et discrètes du chargement avec McCredy et puis, au bout d'une dizaine de jours, il avait enfin droit à une escale. Il suivit les matelots à terre. Ils se rendirent dans un bar de marin dans lequel il put utiliser la seule phrase qu'il connaissait en espagnol.

- Una cerveza por favor.

Il y avait pas mal de marin et pas juste ceux de son navire. Tous reluquaient les jeunes filles courtement vêtues qui devaient être là pour raisons professionnelles.

Bien qu'imprégné d'une ambiance latino assez sympathique, le bar était relativement crasseux et quelque chose disait à AJ qu'il lui faudrait malgré tout se méfier de qui passait derrière lui : une main dans une poche était sûrement vite arrivée dans ce genre de coin. Néanmoins le patron avait l'air aussi honnête que n'importe quel patron de bar et il vînt prendre les commandes au bar. Peut après, il revînt avec autant de verres pleins de bière blonde que de commandes passées et demanda.
- Américain ? Vous payez comment ? Si pas balboa c'est plus cher.
L'homme semblait préférer qu'on le paye maintenant, contrairement aux USA, sans doute devait-il s'être fait rouler trop de fois dans sa vie pour ça. Bien vite, une jeune et séduisante demoiselle peu vêtue vint voir AJ.
- Hola Americano. Vous me payez un verre ?

Michael ne comprit pas ce que le barman voulait dire.

- Balboa ? Qu’est-ce que Rocky vient faire là-dedans ?

Evidemment, la culture et les devises monétaires à travers le monde, ce n’était pas son fort. Il détailla la jeune femme qui venait de le rejoindre et afficha un large sourire. Très vite, il oublia que Cassie squattait toujours le frigo d’AJ.

- Hello honey, dit-il d’une voix suave.

Il interpella le barman, commanda une autre bière pour la jeune femme et paya en dollars avec 15% de pourboire.

Bien à l'aise et satisfaite de voir AJ lui payer une bière (ça ne devait pas marcher à tous les coups visiblement), la jeune femme s'installa à côté de lui. De son côté, le barman avait explosé de rire après un petit instant de doute.
- Ah no no, le Balboa c'est la monnaie de Panama.
Il accepta donc la monnaie de AJ en demandant quand même s'il pouvait faire le change (dans le cas contraire, il rendait en Balboas). AJ pouvait bien voir que les autres marins lorgnaient sur lui (ou du moins sa prostituée). Celle-ci n'entra cependant pas directement dans le vif du sujet et tourna autours du pot en sirotant sa bière.
- Alors, dis-moi, combien de temps à tu voyagé pou arriver jusqu'ici, bel Américain ? Hum ?

Mike acquiesça en apprenant le nom de la monnaie du Panama. Il déplia un billet de cinq dollars et le montra au barman.

- US Dollar, c’est la monnaie de partout dans le monde. Là, c’est le Président Abraham Lincoln, quelqu’un de très important. Il a libéré les esclaves… Enfin, je crois.

Mike ne le réalisait pas encore, mais point de vue monnaie, il allait avoir une sacrée surprise en arrivant en Irlande. Il déposa le billet de cinq sur le comptoir avec un autre billet identique et se désintéressa du barman pour se concentrer sur sa conversation avec la belle jeune femme.

- On est partis de Seattle y a une dizaine de jours, mais on avait déjà pas mal voyagé avant. Chine, Japon, Russie, Alaska, … Une bonne partie du Nord du Pacifique. Et toi ? Tu as toujours vécu ici ?

Mike affichait un sourire charmeur, il se demandait combien elle prenait.

- Au fait, je m’appelle Mike. Et toi ?

Face à AJ lui faisant un micro-cours d'histoire, le barman haussa les sourcils : même s'il ne comprenait sans doute pas ce que lui disait AJ, il comprenait aisément que ce dernier le prenait un peu pour une truffe. Il ne fit aucun commentaire et encaissa en rendant la monnaie avec les fameux Balboas.
De son côté, la prostituée semblait visiblement impressionnée par le parcours d'AJ et le fixait intensément tout en descendant lentement sa bière. Elle ne mit pas longtemps à entrer dans le vif du sujet.
- Oh... Alors tu as passé longtemps en mer alors. C'est quand la dernière fois que u as vu une femme ?
Demanda-t-elle, encore une fois, avec un sourire enjôleur et une pose aguicheuse. Ce n'est qu'après qu'elle tendrait sa main vers AJ.
- Moi c'est Aïsha, enchantée de faire ta connaissance. Et oui, je suis une locale, bienvenue à Panama City !

- Ca fait un moment, répondit Mike en souriant.

C’était vrai d’ailleurs. Il n’avait pas touché une femme depuis le début de son infiltration et sa séparation forcée avec Cassie. Les choses allaient sans doute changer rapidement.

- Merci. Très heureux de te rencontrer, Aisha, répondit Mike en approchant son visage du cou de la jeune femme pour y déposer un baiser furtif.

Il s’éloigna et reprit une gorgée de bière.

- C’est comment la vie à Panama City ?

La jeune demoiselle fut surprise par le baiser mais se laissa faire, répondant à ce dernier par un beau sourire et en avalant une nouvelle gorgée du liquide alcoolisé.
- Oho ! Mais monsieur est enjôleur dis-moi... Ca tombe bien, j'ai de quoi te satisfaire si tu le désire.
En disant ses mots, elle passa nonchalamment la main sur l'entrejambe d'AJ qui sentait un peu de sang affluer vers son troisième bras. Concernant la vie à Panama, elle répondit.
- On vie, on survit, on s'ennuie... Heureusement il y a beaucoup de passage alors avec toutes les rencontres qu'on fait, on arrive à voyager, au moins le temps d'une nuit...
Ses objectifs paraissaient plutôt clairs à cet instant.

- Ravi de pouvoir rendre service, répondit Michael en souriant.

Il vida le reste de sa bière et la reposa sur le comptoir.

- Tu as un endroit où aller ?

Il était temps de passer aux choses sérieuses.

La jeune femme vit son sourire s'élargir à la demande d'AJ. Quand il lui demanda où aller, elle reposa sa bière encore à moitié pleine et dit simplement.
- J'ai un endroit où aller mais si tu préfères ailleurs, ya aucun soucis. Il faut juste que tu me fasse voir si tu en as autant que dans le portefeuille que dans le pantalon. Mais je n'en doute pas une seconde.
Déjà elle se leva en traînant le faux marin par la main.

Michael se retenait de baver. Il se leva et suivit la jeune femme en se laissant mener par la... main. Il profita de la promiscuité pour lui glisser un autre mot à l'oreille.

- Tu prends combien ?

Avant de passer à la vitesse supérieure, il fallait quand même qu'il sache si elle était dans ses moyens ; Cane devait pas vraiment poser problème dans ce genre d'endroits. Mais établir un prix immédiatement éviterait les désaccords éventuels par la suite. Michael ne voulait pas que le bar se fasse démonter dans une bagarre.

La jeune prostituée se retourné et plaqua son doigt sur les lèvres d'AJ, avec un magnifique sourire en coin.
- Normalement 30 mais pour toi c'est 25$. Mais ça c'est juste pour le service normal et si tu me dégote un billet de 50 je te fais un truc, toute ta vie t'en parles à tes potes...
En finissant sa phrase, elle fit le tour de sa lèvre avec son doigt, délicatement.

Mike sourit, il sortit les vingt-cinq dollars et les montra à la jeune fille.

- Ce sera service normal aujourd’hui.

Il avait l’habitude de ce genre de rencontres et, d’après son expérience, les suppléments ne valaient la différence de prestations.

La prostituée sembla déçue par la réponse d'AJ mais l'entraîna par la main.
- Tant pis pour toi ! Allez montre moi ton gros paquebot, qu'on puisse ensuite faire mumuse avec ta grue...
Préférant certainement mettre son client en confiance, la prostitué avait donc proposé à AJ d'aller faire la chose dans sa cabine (elle avait répété la chose en langage moins imagé). Mais la décision finale lui revenait.

Mike arrêta la fille en la prenant par le bras et en l’enlaçant.

- J’aime mieux pas, honey. Mon boss est resté à bord et… il est un peu du genre coincé. Il va pas comprendre notre… relation.

Mike n’était pas assez idiot pour ramener une pute à bord d’un navire qui contenait une cargaison d’armes illégales. Si la nana tombait dessus, ce serait la cata. Ajoutant à ça qu’un Irlandais catholique pouvait effectivement trouver ce genre de comportement répréhensible.

- On peut aller chez toi ?

"Chez toi" n'étant bien sûr qu'une façon de parler de l'endroit où elle recevait ses clients.

La prostituée répondit à AJ par la négative, visiblement gênée.
- Sorry baby, mais je ne dispose pas de ce genre de commodité. Mais l'hôtel du coin en dispose, j'ai un accord avec lui... Mais faudra lui laisser 5 dollars.
A la voir, ce n'était pas une arnaque, elle devait avoir simplement omis ce détail.

- Si en plus on peut aider l’économie locale, répondit Michael en souriant.

Il sortit un billet de cinq dollars et le donna à la jeune femme.

La jeune prostituée encaissa le billet d'AJ avec un sourire et l'entraîna par la main dans la chambre où le marin allait pouvoir "consommer" (après avoir revêtu le préservatif qu'elle lui fournit).
Conformément à ce que lui avait annoncé la jeune femme, il avait vu du pays pendant son expérience et il n'avait pas là une simple demoiselle désespérée vendant son corps pour survivre, c'était une véritable professionnelle et elle lui en avait donné pour son argent (et même un peu plus au vu de la valeur).
Quand ce fut terminé, la jeune femme ayant tout prévu, elle sortit un petit cigarillo et se l'alluma avant de le proposer à AJ, elle pensait vraiment à tout.
- Ca t'as plu ?

Mike profita du moment en amateur éclairé. Ensuite, il accepta le cigarillo et se rhabilla avant de l’allumer.

- Oui, merci.

Il discuta avec la jeune femme de tout et de rien, le temps de fumer. Une fois le cigarillo terminé, il se préparerait à prendre congé.

- Bon, c’est pas tout ça, mais va falloir que j’y aille.

Il ne voulait pas non plus la tenir éloignée d’autres clients potentiels trop longtemps. Business is business.