[Panama] Panama City

Un bouclier de 80kg sur le coco, il n’y avait pas vraiment de quoi positiver. Surtout si les autres tiraient avec des FMJ, le bouclier humain n’arrêterait pas grand-chose. Michael repoussa le cadavre de son guide et se mit à courir dans les coursives. Il avait blessé deux des guérilleros mais le troisième était indemne. Il cherchait un endroit où se cacher, une autre salle, les calles pleines de containers, la salle des machines…. Tout ce qui lui permettrait de semer puis d’embusquer ses poursuivants.

La manœuvre d'AJ du être rapide car très bientôt il sentit les balles fuser autours de lui. Le cadavre au dessus de lui sembla être agité de soubresauts et c'est quand il se dégagea qu'AJ se rendit compte que le corps du mec avait été plus ou moins transformé en lasagne bolognaise. Le tireur en train de recharger son pistolet-mitrailleur fut cueillit en plein front par une des balles d'AJ et s'effondra lourdement sur le sol. Ca faisait déjà deux morts et un blessé sans compter son "guide".
Sa fuite stratégique fut rapide puisqu'il ne rencontra aucun adversaire et alors que des cris en Espagnol commençaient à se faire entendre. L'adrénaline étant un peu redescendue, AJ put commencer à sentir de la douleur un peu partout. Pas très fortes, mais elles étaient bien là, et à plusieurs endroits. Le soucis était que couvert de sang comme il l'était (sang de son bouclier humain), il ne voyait pas où il était blessé. En revanche la bonne nouvelle était que aucun mouvement était vraiment douloureux même si certains mouvements amples le lançaient. Pour finir, s'il vérifiait son chargeur, AJ pourrait voir qu'il lui restait 6 balles selon l'indicateur du chargeur (donc plus une dans la chambre).
Non loin de lui, il entendait des types courir, visiblement à sa recherche... Tôt ou tard ils le trouveraient.

La douleur, il allait falloir voir ça plus tard. Les cris se rapprochaient et les munitions diminuaient. Il repéra la première ouverture, vérifia que la pièce était bien vide et s’y réfugia. S’il y avait un endroit pour se cacher, il s’y précipiterait. Sinon, il attendrait ses poursuivants devant l’entrée mais pas pile en face et ales allumerait au fur-et-à-mesure. Son avantage était que la porte sur un bateau n’était sûrement pas suffisamment large que pour laisser entrre plusieurs personnes en même temps.

Si les guérilleros ne trouvaient pas Michael, ils continueraient à chercher et finiraient par lui tomber dessus à un moment ou à un autre. Il n’avait pas le choix, il fallait foncer. Il sortit de la pièce rapidement, tira deux balles sur chacun des deux hommes. Si ça fonctionnait, il ramasserait une seule des armes de ses ennemis, la plus proche et foncerait dans la cabine d’en face en priant pour y arriver avant que les renforts ne soient sur les lieux.

Michael s’était lancé et il avait loupé son coup, partiellement du moins. Les coups de feu pleuvaient dans sa direction et il n’y avait qu’une chose à faire : se mettre à couvert. Il repéra le premier abri qu’il pouvait trouver, le plus proche, et il y plongea. Il s’y réfugierait en prenant garde à ce qu’aucune partie de son corps ne dépasse de l’abri et ne tenterait de riposter qu’une fois que ses adversaires seraient en train de recharger.

Michael soupira. Cette grenade semblait être sa seule porte de sortie et ce n’était pas vraiment rassurant. A tous les coups il allait s’arracher un bras ou se désintégrer dans l’explosion. Il fallait trouver la meilleure couverture. Le réfrigérateur, pas question, il suffisait qu’il tombe sur la porte et il était coincé. L’armoire lui semblait hasardeuse aussi, le temps qu’il arrive à s’y réfugier, la grenade aurait sauté et lui avec. Restait la salle de bain. Dans une autre pièce, planqué dans une baignoire, c’était jouable. Il fallait aller très vite. Michael profita d’une accalmie où ça tirait moins pour prendre la grenade aussi vite que possible et se remettre à couvert. A l’accalmie suivante, il dégoupillerait, balancerait et courrait vers la salle de bain pour s’y réfugier et se mettre à plat ventre dans la baignoire.

La fusillade dura encore quelques instants et au moment où AJ je décida enfin à s'emparer de la grenade, une rafale passa à un centimètre de son bras, déchiquetant la chair et les vêtements du cadavre sur lequel il prit la grenade.
Quand il prit enfin la décision de la lancer, la réaction ne se fit pas attendre et il put entendre les mecs hurler.
- Granada ! A cubierto !
L'instant d'après, une bruit atroce assourdit AJ s'il ne s'était pas bouché les oreilles et du fond de la baignoire, il put voir un jet de flammes passer au dessus de lui et l'embraser en un éclair... Heureusement pour lui, il ne s'agissait que de flammes et il n'avait pas été pris dans l'explosion... Mieux encore, les canalisations explosèrent en même temps que la pièce était ravagée et AJ se retrouva arrosé d'une grande quantité d'eau qui étouffa le feu avant qu'il n'ait le temps de ronger entièrement ses vêtements et d'attaquer sa peau.
En se relevant, il put se rendre compte qu'il était sourd et en se fiant à un autre de ses sens, il put percevoir une odeur de cochon brûlé émanant de lui même.
Un peu plus loin, l'intérieur ravagé de la cabine et du couloir était ponctué ça et là de lambeaux de chair carbonisés, de sang séché et de cadavres dont aucun n'était encore entier... De quoi rendre son déjeuner si AJ n'avait pas autant d'adrénaline dans le sang.

Quand AJ parvint à se relever, il n’était plus sûr de l’endroit où il se trouvait. La seule chose qu’il entendait était ce sifflement persistant dans les oreilles. Groggy, il tapota ses vêtements, tentative dérisoire d’éteindre le feu qui brûlait le tissu. Heureusement, il fut sauvé par la fuite des canalisations. Il tituba jusqu’à la coursive où les cadavres déchiquetés et brûlés s’entassaient. Il afficha un large sourire malsain et fit un commentaire que personne, même pas lui ne put entendre.

- Voilà, vous avez l’air con maintenant, hein ? Bande de trous du cul.

Il tenait toujours son arme à la main. Un peu plus loin, il ramassa les munitions qui pouvaient encore être utilisable et tituba dans les coursives, le pistolet en main le long du corps. Il était prêt à allumer le premier type qui se pointait dans son champ de tir et espérait avoir encore assez de discernement pour ne pas tirer sur un allié ou un flic. Il continua à marcher sans même entendre ses pas résonner sur le sol métallique des coursives.

Alors qu'AJ se moquait allègrement du tas de chair qui se trouvait maintenant à ses pieds, ce dernier répondit avec véhémence en expédiant sur son pantalon une gerbe de sang via la carotide tranchée qui semblait dépasser du cou ravagé. Il put d'ailleurs constater que ce corps portait un résidu de gilet tactique avec à l'intérieur un chargeur pour l'arme qu'il venait de récupérer. Cela ne semblait pas être trop abîmé et il pouvait l'engager, se retrouvant ainsi avec un fusil d'assaut prêt à tirer.
Les oreilles toujours aussi inefficaces, AJ dut avancer dans les couloirs en s'aidant des murs à cause de la perte d'équilibre qui allait avec. Bientôt, sa progression fut arrêtée par la vision d'un faisceau de lumière... Surement des lampes de poche. Il lui fallait se trouver une cachette ou se préparer au combat au cas où ce soit des méchants.

Quand il vit les faisceaux de lumière, AJ ne prit pas le temps de se demander s’il s’agissait d’amis ou d’ennemis. Il ne devait de toute façon pas lui rester beaucoup d’amis au Panama, y compris dans les forces de l’ordre s’il voulait continuer sa mission d’infiltration. Il suivit son instinct et se planqua dans la cachette la plus proche et la plus efficace qu’il trouva. L’objectif était de savoir qui venait vers lui, il lui fallait donc voir sans être vu.

L'armurier... Il était temps de reprendre ses esprits et de rentrer dans la peau de Michael. Après un bref instant toujours planqué, Michael se mit à crier. Le volume devait être fort puisqu'il ne pouvait pas s'entendre et qu'il voulait que le message passe.

McCredy ! C'est Michael ! J'entends rien ! Je vais sortir de ma planque !

Deux secondes plus tard, Mike joindrait le geste à la parole. Il sortirait doucement de sa planque, son arme à bout de bras, prêt à la laisser tomber pour éviter de se faire allumer.

- La grenade ! Je suis sourd !

En criant sans même entendre lui même ce qu'il disait, AJ vit l'escouade se retourner en braquant ses armes sur lui. Ils les baissèrent à l’ordre de l'armurier qui essaya de s'exprimer en gestes en comprenant qu'AJ était sourd. Avec des gesticulations et en lisant sur les lèvres, il parvînt à décortiquer ce mot :
- Other ?

Autres, mais autres quoi ? Marins ? Guérilleros ? Dans le doute, Mike répondit aux deux questions. Il ne criait plus mais il parlait sans s’entendre, il accentuait le volume en se disant qu’il valait mieux trop fort que pas assez.

- J’ai pas vu d’autres membres de l’équipage, vous êtes les premiers sur lesquels je tombe. Mais plus loin y a une salle pas belle à voir. Ils ont exécuté ceux qui résistaient.

Il réfléchit et continua.

- Les guérilleros, j’ai perdu le fil dans la confusion. J’en ai tué deux ou trois par balle, le reste de mes poursuivants avec la grenade. Je ne sais pas s’y en a d’autres.

Michael suivait l’armurier sans poser de question. Ils se dirigeaient vers la sortie du bateau. Peut-être l’explosion de la grenade avait elle alerté les autorités. Si c’était le cas, les flics tomberaient sûrement sur la cargaison d’armes et c’en était fini de l’escapade en Irlande. Il marchait rapidement en essayant de suivre le pas. De toute façon, il ne pouvait pas faire grand-chose tant qu’il n’aurait pas retrouvé l’audition.