Hôpital Principal

L'avocate avait tourné la tête à l'arrivée de son confrère. Elle leva le bras pour le saluer mais le bandage qui masquait l’absence de doigts rendait le geste sinistre.

- Oui ils sont prévenu mais on les a pas encore vu, répondit le médecin en fronçant légèrement les sourcils. Nous avons débuté une études pour une éventuelle greffe des yeux. Les nerfs optiques sont endommagé mais devraient pouvoir se régénérer avec le temps. A ce moment la, l'opération sera envisageable. Mais cela sera long.

Un bib-bib les interrompit et ils tournèrent la tête vers la jeune femme.

- Du calme, mademoiselle. La sonde entre vos lèvres est sensibles. Serrez les ue fois pour dire "oui" et deux pour "non". D'accord ?

Un bip affirmatif lui répondit et Abrams se détendit visiblement.

Quand Daï leva la main, Stan s’approcha tout de suite d’elle pour lui serrer l’avant-bras en écoutant les paroles rassurantes du médecin.

- Ce sont de très bonnes nouvelles. Vous voyez, Daï, vous allez vous battre, et on va leur montrer, vous et moi, qu’ils n’ont pas gagné. Ca prendra du temps, mais on y arrivera.

Il avait toujours sa main sur l’avant-bras de la jeune femme.

- Je ne vous lâche plus, Daï, je serai à vos côtés. Je vous le promets.

La question de la famille troublait Stan. Si un événement de cette ampleur était arrivé à un de ses proches, il aurait été à l’hôpital tout de suite.

- Votre famille n’est pas encore venue. Vous êtes mariée ? Vous avez des enfants ? Vos parents sont à Seattle ? Vous voulez que je me charge de contacter quelqu’un ?

Evidemment, avec les contraintes techniques qui requéraient des questions fermées, ça allait prendre plus de temps.

Rassurée par le contact, la jeune femme s'était un peu calmé mais elle reprit vie lorsque Stan s'adressa directement à elle.

Les questions obtinrent néanmoins toutes deux bib négatifs sauf la dernière. Mais comment pouvait elle communiquer un nom ?

- Dai, intervint le medecin, je faire défiler les lettres de l'alphabet. Dite nous quand nous en serons à la bonne et nous enchainerons d'accord?
- Bip

Laborieusement, il egrena l'alphabet, une fois, deux, trois... tout en notant des lettres : M O N E T U D E.

Stan acquiesça.

- Votre cabinet ? Wong et Associés, c'est ça ? D’accord, je m’en occupe.

Stan sortit son gsm et lança une recherche pour obtenir les coordonnées du cabinet. Toujours au chevet de la jeune femme, il lui posa une autre question.

- Je ne sais pas si vous le savez, mon père est pasteur et il a l’habitude d’aider beaucoup de gens. J’aimerais lui demander de venir vous voir. Il ne s’agit pas de prosélytisme, juste de vous soutenir dans votre combat. Est-ce que vous accepteriez qu’il vienne vous voir ? Eventuellement de rencontrer ma famille ?

Si Daï était seule, les moments qu’elle vivait devaient être encore plus difficiles. De par ses valeurs, Stan ne pouvait pas envisager de traverser des moments comme ceux là sans être entouré d’une cellule familliale.

Rassurée, l'avocate se calma et se laissa aller dans le lit. Elle écouta avec attention la proposition de Stan et y répondit d'un unique bip après une courte hésitation.

Le médecin le remercia de la tête, également puis termina de vérifier l'état de santé de la patiente.

- Je vais vous laisser, à présent. Je vous laisse entre de bonnes mains, mais pas trop longtemps d'accord. Vous avez besoin de beaucoup de repos.

Il sorti sur un dernier sourire à l'adresse de candidat DA, qui venait sans doute d'engranger une nouvelle voix.

Stan rendit son sourire au médecin. Vu l’endroit où il se trouvait, les élections n’occupaient pas vraiment son esprit même si quelques jours plus tard, chaque voix compterait.

- Daï, je vais appeler votre cabinet maintenant, je vais mettre le haut parleur. N’hésitez pas à intervenir.

Avec smartphone, il lança une recherche Google pour obtenir le numéro de téléphone de Wong et Associés avant de composer et de mettre le haut parleur. S’il tombait sur une réceptionniste, il essaierait d’obtenir quelqu’un de responsable.

- Bonjour, je suis Stan Donington, je vous téléphone au sujet de Daï Feifei. Pourriez-vous me mettre en relation avec quelqu’un qui travaille avec elle ?

Stan était déjà en train de composer lorsqu'elle leva son bras et secoua la tête pour l’arrêter. Une fois fait elle réfléchit quelques secondes à comment lui faire comprendre ce qu'elle voulait dire puis émis quelques "bip" grâce à l’électrode placé"e entre ses lèvres. Il allait falloir repasser par la méthode poussive des lettres.


C O F F R E M U R 4 5 6 9 1 2

Stan s’interrompit et coupa la communication avant qu’on ne décroche de l’autre côté. Patiemment, il prit le temps de décoder les bips de la jeune femme. Ensuite, il lui posa des questions, ne posant la suivante qu’après avoir eu un bip positif ou négatif.

- Ce coffre se trouve dans votre bureau ? Vous voulez que ce soit quelqu’un en particulier qui l’ouvre ? Un collègue ? Moi ?

Bip, bip, bip-bip, bip.

Communiquer n'était pas évident mais en s’entêtant, ils arrivaient à se comprendre. Elle accentua la dernière réponse en dirigeant son bras vers lui. Elle avait beau être handicapé, la jeune femme savait toujours ce qu'elle voulait.

Une infirmière passa juste à ce moment la tête par la porte et sourit à Stan pour lui faire comprendre qu'il était temps de laisser la patiente se reposer.

Stan réfléchissait à la manière dont il allait poser sa prochaine question quand l’infirmière passa sa tête.

- Je vais y aller, un dernier instant.

Il se leva pour montrer qu’il avait vraiment l’intention de se conformer à la directive du personnel médical mais continua à parler avec Daï.

- Vous avez conscience que ça ne va pas être facile pour moi d’accéder à votre bureau sans supervision ?

C’était une question un peu désespérée, Stan ne savait pas comment s’y prendre. Il prit son Blackberry et lança l’application prise de notes pour noter la combinaison du coffre : 456912

- Est-ce que je peux dire à vos collègues ce qui est arrivé ? Est-ce qu’ils peuvent vous rendre visite ?

Daï secoua la tête à la dernière question et leva son bras pour désigner Stanley. Clairement elle ne voulais pas de visite. Par pudeur peut être?

L'infirmière continuait à sourire poliment mais ses yeux devenaient sévères. L'avocat avait bel et bien épuisé son temps de parole.

Stan acquiesça machinalement.

- Pas de visite, c’est noté.

Devant le regard sévère de l’infirmière, il se décida à partir.

- Je vous laisse. Reposez-vous bien et accrochez-vous. Je reviens vous voir dès que possible.

Il sortit de la chambre et salua l’infirmière au passage. Il se dirigea vers le parking, s’installa au volant de sa voiture mais ne démarra pas tout de suite. Comment allait-il faire pour se retrouver seul dans le bureau de Daï et accéder à son coffre fort sans que ses collègues ne réagissent. Il se voyait mal lui, futur procureur si tout se passait bien, ya aller par effraction.

Il téléphona à Clara qui devait être au siège de campagne à la Smith Tower. S’il la joingait, il serait relativement direct.

- Clara ? Vous allez bien ? Rien de neuf depuis hier ? Est-ce que vous pouvez me trouver des informations sur le cabinet d’avocats Wong et Associés ?

Pour une fois, il ne tombait pas des cordes sur Seattle et Stan pu même profiter d'une petite éclaircie à travers le pare brise.

La voix de Clara le tira de sa demi rêverie dans laquelle il s'était plongé le temps qu'elle lui dégote els informations demandées.

- C'est un tout petit cabinet. Il n'y a qu'une seule autre associée : Andrea Pennyless. Ils sont ouvert depuis trois ans et couvre de petites affaires principalement. Quand au nom Wong... c'est le fondateur, mais il a pris sa retraite du barreau il y a six mois.
Il vous faut autre chose? je croyais que vous deviez vous reposez?

- Mais je me repose, protesta Stan, vous m’avez entendu parler des élections ?

Il fallait bien reconnaître que se lancer à la poursuite de documents secrets dans le coffre fort d’une consoeur n’était sans doute pas ce que Wyatt avait l’esprit quand il avait donné ses ordres. Stan se promit intérieurement de ne plus jouer les donneurs de leçons avec Bouchra à ce sujet. Ou du moins, il essaierait d’atténuer un peu son côté donneur de leçons, ce serait déjà un progrès.

Les informations données par Clara surprenaient Stan au plus au point. Il savait que Wong et Associés était un petit cabinet mais il ne pensait pas qu’il était du même ordre de grandeur que Donington & Donington. Il demanda confirmation.

- Vous voulez dire que Daï est associée dans le cabinet et qu’il n’y a qu’elle et cette Pennyless qui travaillent dedans ? Pas d’autres employés ? Pas d’autres avocats ? Pas d’assistants légaux ?

Si c’était ça, avec les doutes que Daï avait émis sur ses collègues, ça voulait dire que cette Andrea Pennyless pouvait l’avoir balancée aux Mongols. Dans tous les cas, il fallait la rencontrer et sans doute jouer le bluff. Stan mit le contact et continua à parler à Clara via mains libres. Il dirigea sa voiture vers le cabinet Wong et Associés.

Je suis sure que vous distribuez des tracts, en douce, grommela la secrétaire de l'avocat.

Elle pris quelques secondes pour vérifier les informations sur le cabinet avant de répondre.

- Chaque avocate à une secrétaire, qui doit probablement servir à tout, chez eux aussi. Si il y a d'autres employés, je n'en trouve pas trace en ligne, mais je n’accède évidemment pas à leur livre de compte.

=> Cabinet d'avocat Wong & associés

=> Cabinet d'avocat Wong & associés

Alors qu'il dégustait un sandwich au pastrami aussi goûteux qu'une ration de combat après trois jours de désert, un homme s'installa en face de lui, un café à la main.

Il devait faire un peu plus d'un mètre 80, moulé dans un blouson de cuir ou étaient fiché des pins de groupe de rock des années 90. Ces cheveux noirs noués en catogan étaient assortis a ses yeux, de la même couleur.

- Je suis Kyle Morgan ! Et si vous tenez à votre santé, vous devriez éviter ce genre de nourriture pour chien...

Impossible de dire si il plaisantait, tellement son visage ne marquait aucune émotions.

Stan sourit au détective qui prenait place en face de lui.

- Je ne pense pas que mon alimentation constitue le plus grand danger pour ma santé à l’heure actuelle, Mr Morgan.

Stan s’envoya une nouvelle bouchée de pastrami.

- Vous voulez qu'on aille voir si Daï peut nous recevoir tout de suite ou vous voulez qu'on discute avant ?

Le détective haussa les épaules, l’air de dire « tes artères, ton problème » puis rentra à son tour dans le vif du sujet.

- Inutile, je viens de la voir. Navré, mais je ne souhaitais pas que vous l’influenciez par votre présence. Elle m’a bien confirmé que vous étiez sur l’affaire. Que voulez-vous savoir ?

L’endroit pouvait paraitre étrange pour évoquer une telle affaire, mais avec le nombre de passages autour d’eux, il serait particulièrement difficile de surprendre plus de quelques paroles.

- Vous avez bien fait, confirma Stan après avoir avalé une nouvelle dose de charcuterie.

Sans doute l’avocat aurait-il agi de la même façon.

- Tout ce que vous pouvez me dire, en commençant par le début. Quand Daï vous a-t-elle contacté ? Que vous a-t-elle dit ? Qu’avez-vous découvert ?

Stan posa son sandwich, se frotta les mains sur sa serviette en papier avant de sortir les photocopies du dossier qu’il avait récupéré dans le bureau de sa consoeur et de le présenter à Morgan, au cas où il aurait voulu illustrer certains points de ses explications.

Le détective regarda autour de lui quelques secondes puis se pencha légèrement en avant, avant de reprendre.

- Elle m’avait demandé de surveiller ce supermarché, qui a été construit récemment. Comme elle le supposait, c’est une couverture. Je pense que c’est leur principal point de ralliement. Mais il doit aussi servir à autre chose, bien que je n’aie jamais pu y rentrer. Ce type, la (il désignait la photo de Komori) c’est leur boss. Le genre businessman vicieux. Le seul qui a l’air de lui tenir la dragée haute, c’est lui (il désignait l’autre homme qui avait intrigué Stanley). J’ai seulement pu obtenir son surnom : le shaman. Tout le monde lui obéit au doigt et à l’œil. Et pas forcément de gaité de cœur. Il leur fou une trouille bleue. Et quand il est là, il se passe des choses à l’étage, beaucoup de monde, bien habillés… me demandez pas pourquoi.

Il s’interrompit en écartant les mains, laissant l’avocat poser des questions s’il en avait.