Lake Union Cemetery

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Il s’agit d’un cimetière assez grand, classique, situé sur les hauteurs en plein dentre ville et disposant d’une vue imprenable sur le Lake Union d’un côté et sur les tours du centre-ville de l’autre. En regardant vers l’Est, comme partout à Seattle, on voit bien sûr le Mont Olympia se refléter sur le Lake Washington, du moins quand il fait beau.


A cette heure avancée de la nuit, les grilles étaient fermées et cadenassées. Mel entraîna Xiang à travers un trou dans la haie et ils se retrouvèrent tous deux à l’intérieur du cimetière.

- Ne t’inquiète pas, c’est prévu. J’ai planqué des fringues ici. Maintenant qu’on va avoir le FBI aux fesses, ta planque comme la mienne ne sont plus sûres. Et puis, puisqu’on va quitter la ville pour un moment, faut qu’on dise aurevoir à Cab’.

Mel emmena Xiang dans les allées désertes jusqu’à un mausolée qui devait remonter au début du XXème siècle. L’atmosphère du cimetière en pleine nuit n’était pas très rassurante. Il ouvrit la grille du mausolée en essayant de la faire grincer le moins possible, prit quelques affaires et donna à Xiang un sac en plastique qui contenait des vêtements plus discrets que sa chemise d’hôpital. Il y avait aussi un soda et quelques barres chocolatées.

Le jeune Chinois se laissa guider par son ami sans jamais vraiment remettre en question sa confiance, si bien que quand il lui dit de ne pas s'inquiéter, Xiang n'en eu que faire car il n'était pas inquiet. La partie "dire au revoir à Cab" le rendit nostalgique d'une époque peut-être plus misérable mais tellement plus heureuse... Arrivant devant le sac, il se jeta sur les barres de chocolat et le soda.
- Tu n'aurais pas put me rendre plus heureux.
Engloutissant son goûter à la vitesse de la lumière, Xiang se vêtit ensuite des vêtements que lui avait apporté son ami et le suivrait dans les allées du cimetière.

Une fois que Xiang fut changé et rassasié, il suivit Mel à travers les allées du cimetière jusque la tombe de Cab’ qu’il reconnut facilement. La stèle était sobre, sans doute pas trop chère, à la hauteur des moyens de Paolo qui avait payé les funérailles. L’inscription qu’elle portait était elle-même laconique : « Carmelo Amaro 08/14/1990 – 04/01/2012 Loving brother and faithful friend ».

Mel s’adressa à Cab’ comme s’il était là. Il devait venir assez souvent au cimetière.

- Salut Cab’. Je suis venu avec Xiang aujourd’hui. Je suis content qu’on se soit retrouvés. C’est vrai qu’on a eu des différends, mais maintenant, le groupe va retrouver son unité, plus fort que jamais. Xiang a sans doute eu tort de faire confiance au FBI, mais il n’avait pas le choix. J’ai été aveuglé par la tristesse de ta mort et j’ai lâché le groupe. C’est Xiang qui a dû porter les autres. Si j’avais été là, peut-être que j’aurais pu l’aider et peut-être que les choses ne se seraient pas aussi mal passées. J’ai eu tort aussi de vouloir la mort de Paolo. J’avais peur, je crois que ta mort m’a un peu rendu parano. C’est Xiang qui a gardé la tête sur les épaules et c’est grâce à lui que ton frère est toujours vivant.

Il déglutit difficilement et frotta son œil pour empêcher une larme de couler.

- Aujourd’hui, on est dans la merde. On a les fédéraux au cul et bientôt tous les flics du pays. Mais on va s’en sortir, t’inquiète pas. Par contre, on va devoir se mettre au vert pendant un moment. Et je ne vais plus pouvoir venir te rendre visite. Mais où qu’on soit, je sais que tu continues à veiller sur nous.

20 ans au moment de sa mort, ça me paraît un peu jeune vu l'historique du personnage, perso je rajouterais quelques années, entre 2 et 5 ans. Et c'est Carmelo son prénom, Carmelito c'est un diminutif affectif ^^

Xiang suivit Mel' dans son hommage à Cab mais ne dit rien. Il avait du mal à y croire mais croyant ou pas, ça faisait du bien de lui parler comme ça, même sans pierre tombale. Xiang n'était jamais allé voir son ami, mais maintenant qu'il y était, les larmes vinrent à ses yeux alors qu'il se remémorait les bons moments, tant de bons moment qui avaient disparus comme ceux que Dee avait dut vivre avec son père avaient disparut.
Quand ils eurent fini, qu'ils s'éloignaient de la pierre tombale, Xiang était en larmes. Une fois calmé, il dit de désespoir.
- Ça ne s'arrêtera jamais... On ne cessera jamais de fuir, de nous cacher...
Et ce n'était pas faute d'avoir essayé... Mais au final, Xiang n'en était pas moins déterminé et plus fort : ceux qui se dresseraient sur sa route n'auraient plus de cadeaux à présent. Il avait voulu briser le cercle de la violence, mais on l'en avait empêché. Il avait voulu vivre en homme, on avait voulu l'abattre puis le jeter en cage come un bête. Puisque c'était comme ça, une page de son histoire se tournait et si c'était une bête qu'ils voulaient, FBI, Anonymous, tous autant qu'ils étaient, ce serait une bête qu'ils allaient avoir, et ils le regretteraient...

[HRP : c’est édité. Désolé, j’ai parfois du mal avec l’historique lointain]

Mel termina sa petite discussion avec Cab’ avant d’amener Xiang vers la haie qui leur avait permis de rentrer dans le cimetière. Il resta un moment sans répondre à la déclaration de Xiang avant de se décider à parler.

- Quoi qu’il en soit, il faut qu’on agisse, qu’on prenne l’initiative. On a le FBI aux fesses maintenant. Si on ne fait rien, ils finiront par nous choper.

Il laissa passer un instant de réflexion.

- La clé, c’est Paolo. Sans Paolo, ils n’ont rien sur nous. Tu avais raison la dernière fois, il ne faut pas le tuer. On ne peut pas tuer le frère de Cab’. On ne peut pas agir sous l’influence de la peur, ça ne ferait de toute façon qu’augmenter nos ennuis. Mais il faut qu’on le retrouve.

Xiang suivit Mel pour sortir du cimetière et resta silencieux quelques instants à sa déclaration avant de lui demander.
- Qu'est-ce que tu proposes ?
Au fond de lui, Xiang se trouvait naïf de bien vouloir croire à la fable "plus de Paolo, plus de soucis", mais là, maintenant, il avait besoin de se raccrocher à quelque chose, que ce soit naïf ou pas.

Mel avait semblé redouter la question de Xiang.

- Y a pas trente-six solutions. Paolo est dans le programme de protection des témoins d’après ce que tu avais dit la dernière fois. Il n’y a que deux entités qui peuvent prendre connaissance de sa localisation : les US Marshals, et le FBI.

A la déclaration de Mel, Xiang fronça les sourcils, sceptique.
- Tu suggères quoi ? Qu'on s'introduise au FBI pour voler leurs serveurs informatiques ?
En y réfléchissant, Xiang se dit que ça ferait un niveau d'enfer pour un jeu vidéo, mais en vrai c'était difficilement envisageable...
- Et même si on le fait, ils sauront que c'est nous et il s bougeront Paolo ailleurs.

Mel haussa les épaules.

- Je ne sais pas, concéda-t-il. Mais il doit y avoir une solution. On ne peut pas passer notre vie à fuir. Sinon, un jour, on se fera rattraper et ce sera fini. C’est inévitable.

Mel et Xiang franchirent la haie et se retrouvèrent dans la rue.

- Je ne veux pas que ça finisse comme ça. Il faut qu’on reprenne l’initiative, Xiang, d’une façon ou d’une autre.

A la proposition de son ami, Xiang souffla un grand coup, l'air un peu perdu et désespéré.
- Tu sais vendre ton truc toi... En attendant, il faut partir. Loin, très loin... Peut-être même quitter le pays... Eh why not do that ? On prend une voiture et on va aussi loin qu'on peux...
En disant ces mots, Xiang franchissait le même grillage que celui par lequel ils étaient rentrés et suivait son ami vers leur prochaine destination.

Mel et Xiang marchaient le long de la route. Si l’ami du jeune Chinois voulait trouver une solution à leur problème, il était bien obligé de reconnaître que la priorité était de quitter Seattle.

- On va commencer par rejoindre Lui et Dee, je sais où ils sont.

Il y avait néanmoins un léger obstacle à la réalisation de ce projet.

- Plus qu’à trouver une voiture.

Mel et Xiang étaient en plein centre-ville. Ce n’était pas les voitures stationnées qui manquaient. Il y avait pas mal de modèles, la plupart assez récents. Les quelques modèles anciens qui attirèrent l’attention de Xiang étaient des berlines qui devaient remonter au début des années 90. Il fallait éviter les caméras de surveillance et la question de Mel n’augurait rien de bon.

- Tu… tu sais comment on démarre une voiture ?

Le jeune Xiang regarda son ami en écarquillant les yeux et sentit une immense lassitude monter en lui quand il lui demanda s'il savait démarrer une voiture. Il répondit en hochant la tête de gauche à droite.
- Heu non... Mais puisque c'était ton idée, j'avais espéré que tu savais le faire... On a plus qu'à y aller à tâtons donc...
Dit-il en soupirant. Il allait donc faire comme dans les films et espérer que ça finisse par marcher.

Mel dodelina de la tête.

- Mon idée, mon idée… Si tu as une autre idée pour aller jusque Ellensburg, je suis tout ouïe.

Ils marchaient en direction des voitures garées en prenant bien soin d’éviter les caméras.

- Ou alors, on en chope une à un feu rouge, ce sera plus facile. Après tout, on a déjà le FBI aux fesses.

Xiang soupira, il n'aimait pas l'idée d'un col avec violence mais ils ne pouvaient pas faire autrement.
- Si tu veux, mais je refuse qu'on fasse du mal à un innocent. Ce n'est pas nous, ce serait la goutte d'eau.
Puisqu'ils ne pouvaient pas faire autrement, Xiang était d'accord pour s'y résoudre. Maintenant il ne restait plus qu'à attendre.

- Ca m’enchante pas plus que toi, répondit Mel, mais à moins que t’aies envie d’y aller à pieds, il va bien falloir qu’on fasse quelque chose.

Il repéra une voiture au feu rouge, hésita, ne s’avança pas davantage. Il s’agissait d’une Ford Crown Victoria, milieu des années 2000. Le conducteur était seul au volant. Pas de file derrière lui, pas de passants à cette heure avancée de la nuit. Le feu n’allait pas tarder à repasser au vert.

En voyant Xiang avancer, Mel reprit sa marche, il contourna la voiture pour arriver côté conducteur, ouvrit la porte, attrapa le conducteur par le col et le sortit de la voiture au moment où Xiang défaisait sa ceinture. Il le colla à terre en faisant attention qu’il ne se blesse pas au visage, murmura un « désolé » avant de prendre place derrière le volant et de démarrer en trombe.

- J’aime pas ça.

Mais force était de constater qu’il leur fallait quitter le ville rapidement et qu’ils n’avaient pas eu le choix.

Malgré qu'il n'était pas fier de ce qu'il faisait, Xiang s'avéra particulièrement satisfait de leur carjacking : le conducteur n'avait pas été trop violenté et en serait certainement quitte pour juste une grosse peur. Concernant le commentaire de Mel', Xiang se contenta de répondre.
- Moi non plus...
Ils roulèrent quelques centaines de mètres et Xiang finit par annoncer.
- On la brûle pas, on la fous pas en l'air... Une caisse comme ça, c'est certainement pas quelqu'un de riche, les assurances vont encore l'enculer... Alors on ne l'amoche pas.
A cet instant, cette manière de raisonner était la seule que Xiang pouvait trouver pour se donner bonne conscience.