Siège de campagne de Stan Donington, Smith Tower, 506 Second Avenue, Suite 1287

L'arrivée des pâtisseries fut accueillit par des sourires approbateurs. La confiance tranquille du chef d'entreprise était communicative.

- Mieux que la dernière fois que je suis passé ici, répondit-il en grimaçant. Et vous? pas trop stressé ? J'ai appris que vous comptiez vous présenter pour la maison blanche également. J’espère que je peux compter sur vous pour pousser certains de mes contrats qui stagnent au pentagone.

C'était décidément la plaisanterie du jour.

Stan rigola en enfournant une bouchée d’un donut fourré à la myrtille.

- Le jour où je briguerai la présidence, vous serez le premier informé. Une campagne nationale, ça coûte encore plus cher.

Il garda la boîte et l’ouvrit pour que les gens autour de lui se servent.

- Mais franchement, si je ne suis pas nommé à la Cour Suprême au prochain malencontreux départ, c’est à n’y rien comprendre.

L’humour avait au moins le mérite de le détendre et de l’empêcher de trop se focaliser sur un événement sur lequel il n’avait plus vraiment de maîtrise. Les dés étaient jetés.

- Hum, je pourrai vous soumettre quelques idées d'amélioration législatives, dans ce cas, commenta l'industriel avec un haussement de sourcil digne de Magnum.

La boite de donut s'épuisa rapidement et chacun retourna à ses occupations. Les minutes s’égrainaient avec la vitesse d'escargots asthmatiques. Les parents de Stan amenèrent leurs petits enfants manger à d’extérieurs pendant que les autres se nourrissait de sandwichs les yeux rivés aux premières estimations de participations (plutot bonne).

En début d’après midi, Wyatt lui tendis une feuille le visage impassible. Une estimation non officielle réalisée en ligne le donnait gagnait d'une courte tête et prédisait la réélection de la maire sortante.

- Proposer, vous pouvez toujours, commenta Stan à Finley avec le même sourire sarcastique.

Un peu plus tard, quand Wyatt tendit à Stan les premières estimations, le candidat remercia son chef de campagne et les regarda avec attention, plus pour faire plaisir à Wyatt qu’autre chose. C’était de bonne augure, mais la marge était trop faible et l’estimation pas assez fiable que pour que ça ait une réelle signification. Ca n’empêcha pas l’avocat de sourire.

- Si en ce moment, Tindall tient la même feuille que moi entre ses mains, elle doit être verte. Et rien que pour ça, ça vaut le coup d’avoir été jusqu’ici.

Par contre, le taux de participation au scrutin semblait assez élevé, et ça c’était vraiment bien. Ca voulait dire que les gens s’étaient passionnés pour le débat. Et c’était déjà une victoire en soi.

- Ça, c'est sur, ironisa Wyatt.

L’après midi s'écoula sensiblement de la même façon que le matin, les secondes s'étirant peut être encore plus. Les demandes d’interview s'enpilaient sur le bureau de Clara ce qui pouvait être interprété comme une bonne ou un mauvaise chose, selon ce que l'on voulait bien y voir.

Une heure avant la promulgation des résultats, Trish pris son mari à part dans le bureau et lui tendit un petit écrin.

- Je suis sure que tu seras élu et je voulais te dire que je suis très fière de ce que tu fais. Je sais que nos vies vont changer dans quelques minutes, mais je ne voudrais être ailleurs pour rien au monde.

A l'intérieur du petit coffret, l'avocat découvrit une apire de boutons de manchette en argent représentant une balance.

Stan sourit en voyant les demandes d’interview. Il était pourtant évident qu’il ne réagirait pas avant la fin du dépouillement. En suivant la tradition, il réagirait en premier s’il était vaincu et attendrait que Tindall reconnaisse sa défaite dans le cas contraire.

Il fut très ému en voyant le cadeau de sa femme. Stan eu du mal à retenir des larmes de joie. Il prit Trish dans ses bras et l’embrassa passionnément.

- Je n’aurais pas pu arriver jusque là sans toi. Ce n’est pas moi qui ai fait tout ça, c’est nous.

Il détacha ses boutons de manchettes pour fixer ceux que Trish venait de lui offrir. Le moment fatidique approchait et, plus que jamais, il avait besoin du soutien de son épouse.

Après un second baiser, un peu plus doux que le premier, le couple revint dans la grande salle. Un écran géant avait été installé pour suivre en direct les dernière minutes du scrutin puis les bulletins d'informations qui annonceraient les résultats de cette journée.

A son habitude, Wyatt observait son écran, dans un coin de la salle. Il ne disait plus rien et ses mâchoires se contractaient nerveusement. Tics nerveux ou prémices d'une nouvelles déplaisantes.

Finalement, les dernières minutes s’égrainèrent au comptes goutes et lorsque le compte à rebours final arriva, la salle entière entama un décompte en hurlant. 5...4... 3... 2... 1...

Stan rejoignit les autres dans la salle tout en continuant de tenir la main de Trish. Il suivit le compte-à-rebours, digne d’une nouvelle année, avant l’annonce des résultats par la chaîne de télévision locale.

Il tentait de garder une certaine composition, mais la tension était très forte. Il sentait le boule dans son estomac, il était nerveux, stressé, encore plus qu’à une audience cruciale. C’était le moment de vérité, celui qui allait déterminer ce qui allait advenir de lui pour les quatre prochaines années et celui pour lequel il s’était battu depuis plus d’un an.

Lentement des visages commencèrent à apparaitre à l'écran. Ceux des gagnants de ces élection qui avaient plus passionné la ville que celles des vingts années précédents.

A gauche le nouveau maire, à droite le nouveau DA.

Même si l’attention était fixé sur la parti droite de l'écran, Stan comprit très rapidement que la chevelure blonde sur la partie gauche n'était pas celle de Gordon.
A droite, la chevelure était noire... ce qui ne voulait rien dire.

Mais, alors que ces BPM montaient rapidement il comprit que les cheveux était court, bien peigné... Le front était haut, caucasien...

Incrédule, il se rendit finalement compte que c'était bien son visage qu'il contemplait et que les cris qu'il entendait étaient poussé tout autour de lui et que c'était bien des hurlement de joie.

Stan n’en revenait pas. Il n’arrivait pas à décoller les yeux de l’écran alors qu’un sourire béat s’affichait sur son visage et que les gens criaient et sautaient de joie autour de lui. Il prit sa femme dans ses bras avant de faire une accolade à Wyatt et à Clara et de serrer les mains des quelques bénévoles autour de lui.

Ensuite, il s’éclipsa avec Wyatt, Clara et Trish dans une pièce isolée. Comme il l’avait décidé, il attendrait que Tindall s’adresse à la presse en premier. Elle devait reconnaître sa défaite. Ca permettait à chacun de montrer son respect des institutions démocratiques en évitant de se déclarer tous les deux vainqueurs. Ca n’arrivait pas toujours, évidemment. Certains candidats refusaient de reconnaître leur défaite, surtout quand le comptage était serré. En 2000, les élections présidentielles avaient même dû être clarifiées par la Cour Suprême. Peut-être un peu naïf, Stan espérait que Tindall soit plus respectueuse du système démocratique qu’Al Gore. Si ce n’était pas le cas, il finirait par prendre la parole malgré tout.

Profitant des quelques moments isolés, il rassembla ses plus proches soutiens autour de lui.

- Merci à vous trois, je n’aurais pas pu réussir sans vous.

- C'est sur que t'en a pas ramé une, fit Wyatt, visiblement hilare.

Tout le monde souriait, Trish et Clara versèrent même quelques larmes... La tension accumulée toute la journée se dissipait enfin. Apres quelques minutes, le téléphone de Stan vivra et il commença a voir arriver les message de félicitations de ses proches... et moins proches qui se rappelaient soudain à son bon souvenir.

Finalement, au bout d'un quart d'heure, un message plus surprenant arriva.

*Felicitation. On se retrouvera lors d'un prochain scrutin. VT*

Soulagé de la pression qu'il avait accumulé ces dernières heures et ces dernières semaines, Stan se mit à rire avec tous ceux qui l'accompagnaient. Il jeta à la poubelle le discours qu'il avait prévu en cas de défaite et se contenta de garder celui de la victoire. Il répondit à quelques messages et fut surpris de recevoir celui de Tindall. Il y répondit rapidement.

« Merci. Vous êtes une adversaire de valeur et je serai heureux de confronter à nouveau mes idées aux vôtres. »

Ensuite, il s'approcha discrètement de Wyatt et lui montra le sms.

- Je ne sais pas si Tindall a l'intention de faire un speech. Essaie de contacter Channel 9. Ils doivent avoir des journalistes sur place aussi, peut-être qu'ils ont des infos. Fais leur comprendre que j'attends qu'elle fasse son speech avant de faire le mien.

Les journalistes devaient attendre les réactions des deux candidats avec impatience. D'une certaine façon, ça pouvait faire pression sur Tindall pour qu'elle se montre un peu plus fair play.

Wyatt revint rapidement, après s’être isolé pour passer un coup de fil.

- Pas de discours de prévu. Elle a envoyé un message directement à Pamela. Ta présentatrice préféré est en train de l'annoncer en ce moment. Qui aurait cru qu'elle était mauvaise perdante ?

Il n'en avait apparemment jamais douté vu son rire sarcastique. Clara se joint à leur petit groupe à ce moment la, souriante.

- Il y a une meute de journalistes affamés pas loin. Vous comptez les nourrir ou vous attendez d'avoir votre première émeute à réprimer?

Stan n’avait pas l’intention de laisser Tindall gâcher la fête. Ce qui était dommage pour ses électeurs qui étaient certainement en droit d’attendre une réaction de la part de celle à qui ils avaient accordé leur soutien. Soit, c’était l’occasion pour Stan de rassembler et d’enterrer sa rivale. Il laissa les journalistes mariner encore un peu avant de faire sa sortie. Il retourna dans la salle principale où avaient été installés un podium et un pupitre. Les militants de Stan et les journalistes remplissaient la salle à ras bord.

Stan entra en scène en levant les bras au ciel, sous les acclamations d’un public qui lui était acquis. C’était sans doute l’exercice le plus facile de la campagne. Tout sourire, il attendit patiemment que la clameur baisse pour prendre la parole. Il était à l’aise avec son auditoire et s’écarta du discours qu’il avait prévu.

- On transgresse un peu des traditions ce soir. Je pensais que Madame Tindall ferait une déclaration mais apparemment elle a une extinction de voix. Je vous invite à vous joindre à moi pour lui souhaiter un prompt rétablissement.

Le sourire charmeur et le regard taquin, Stan profita pleinement des rires de l’assemblée.

- Peut-être qu’elle nous écoute. Madame Tindall, une infusion avec du miel trois fois par jour et d’ici quarante huit heures ça devrait aller mieux.

Accoudé au pupitre, Stan était décontracté, il laissa passer la nouvelle vague de rires avant de reprendre de façon un peu plus sérieuse cette fois.

- Mais nous ne sommes pas ici pour parler de l’ex-District Attorney. Nous sommes ici parce qu’après des mois de travail, de dur labeur pour notre comté, pour notre communauté, nous avons réussi !

Cette fois, c’étaient les applaudissements des militants, lancés par Wyatt et Clara qui interrompirent le discours de Stan.

- Je vous remercie parce que c’est grâce à vous. Tous ceux qui se sont battus à mes côtés, tous ceux qui ont cru en moi, tous ceux qui pensent qu’on peut changer les choses pour notre comté. Merci à vous !

Une nouvelle clameur interrompit le discours et Stan continua.

- Je voudrais saisir cette occasion pour faire passer un message. Je m’adresse à tout le monde, ceux qui m’ont fait confiance, et ceux qui ont voté pour ma rivale. Aujourd’hui, je deviens le District Attorney pour l’ensemble des habitants du Comté, pas uniquement ceux qui ont voté pour moi. Je vous invite tous à œuvrer avec moi pour que nous vivions tous dans un comté plus juste. C’est ça qui nous réunit tous aujourd’hui, quel que soit notre bord politique. Je ne vous promets pas que vous allez apprécier toutes mes décisions, mais je vous promets de me battre pour vous. Et je vous promets de ne pas avoir d’extinction de voix dans les moments difficiles.

Après une autre vague d’applaudissements, Stan conclut son petit speech.

- Ce qu’il faut maintenant, c’est se mettre au travail. Dès demain, je compte rencontrer plusieurs interlocuteurs du domaine de la justice. J’en profite pour féliciter Madame le maire pour sa reconduction. Dans les jours qui viennent, nous allons, avec mon équipe, préparer la transmission des dossiers pour que nous puissions être opérationnels le plus vite possible. Merci à tous ! God bless you all!

Le discours eut l'effet escompté et Stan quitta la salle sous un tonnerre d'applaudissement. C'était sans doute l'un des plus simple qu'il est eut à prononcer.

- Rentre chez toi, et profite de ta dernière soirée en tant que simple citoyen, lui conseilla finalement Wyatt. Demain sera sans doute une toute autre affaire.

Et il n'avait sans doute pas tort. La passassions de pouvoir risquait de ne pas être la plus cordiale du monde, au vue des réaction de la DA sortante.

Stan sortit en saluant le public et rejoignit ses proches. Il remercia une nouvelle fois tout le monde et, avant de suivre le conseil de Wyatt, les libéra pour qu’ils rentrent chez eux. Le futur DA était encore sous l’euphorie de la victoire, il ne pensait pas aux bassesses que Tindall pourrait lui faire avant de partir.

Promettant à Wyatt de se reposer, il partit avec Trish pour rejoindre leur maison