Studio de TV de Channel 7

Angela hocha la tête à la réponse mais n'insista pas plus. Elle avait une nouvelle proie à traquer (hrp : grrr), et une histoire à élucider.

De son coté, le producteur leva un sourcil intéressé à la mention du spot. Il flairait déjà le contrat de diffusion.

- Concis et punchy je dirai. Les spots d'une minutes ne font plus recette. Et faite le faire par des professionnel. IL n'y a rien de pire que l'amateurisme pour aiguiser les moqueries sur internet. Je peux vous donner quelques numéros de studios indépendants si vous le souhaitez.

Dans un coin de sa vision, Stan nota que son épouse et son directeur de campagne discutaient en se rapprochant tranquillement de la sortie. La soirée tirait à sa fin.

- Ca m’intéresse oui, répondit Stan. Je n’ai pas envie de passer pour un vendeur de voitures d’occasion.
- Ou pour Saul, ajouta Trish.

Stan avait fait référence à Uncle Larry, le vendeur de voiture qui faisait sa pub lui-même sur toutes les chaînes de télé de l’état de Washington mais il ne savait pas à quoi Trish faisait référence. Devant son air dubitatif, elle apporta plus de précisions.

- C’est un avocat dans Breaking Bad.

Stan n’avait pas vraiment le temps de regarder la télé mais il s’abstint de faire un commentaire en ce sens vu l’endroit où il se trouvait.

- Merci pour tout, Monsieur Magnus. Je vous reverrai pour le débat j’imagine ?

La référence à Breaking Bad n'avait pas échappé aux deux journalistes qui pouffaient en regardant l'avocat se débatre avec le culture pop.

Magnus serra lui aussi chaleureusement la min du candidat en souriant.

- Aucun problème je vous fait parvenir tout ça. Je préfère me faire discret avant les émissions, surtout de ce genre. Je ne voudrais pas que l'on m'accuse de favoritisme. Mais il y aura un after comme celui-ci, et vous êtes d'ores et déjà le bienvenue avec votre épouse.

Ils se dirigeaient vers la sortie mais il saisit les dernières paroles d'Angela à son patron.

- Better call Stan... ça lui ferait un bon slogan non ?

Stan remercia Magnus pour son invitation, serra la main du producteur, de la présentatrice et de plusieurs membres de l’équipe et adressa un signe de la main général pour les autres. Il quitta le studio avec Trish et Wyatt et monta en voiture avec son épouse.

Trish mit le contact, prête à ramener son mari à la demeure familiale où il pourrait tirer profit d’un repos bien mérité. Installé sur le siège passager, Stan était perplexe.

- Breaking Bad, c’est pas cette série avec un prof qui devient dealer ?

Après avoir embarqué son texte, quelques photos et son directeur de campagne, ou plutôt après que Wyatt l’ait embarqué, lui, Stan arriva au studio de Channel 7 qu’il commençait à bien connaître. Wyatt et lui se présentèrent à l’accueil et attendit que le rendez-vous fixé soit confirmé pour être admis à l’intérieur par la sécurité. Ce spot était important, c’était le genre de message qui pouvait faire basculer la campagne, dans un sens comme dans l’autre. On ne pouvait pas aller jusqu’à dire que l’élection se jouerait sur le spot publicitaire, mais c’était sans aucun doute un élément clef.

La chaine avait mis à disposition du candidat un petit studio bien équipé, un cameraman et un réalisateur qui devait avoir la moitié de l'age de Stan.
A l'arrivée des deux hommes, il vint au devant d'eux, clairement intimidé.

- Bon... bonjour. Je suis Mathias Morhaim. Monsieur Magnus m'a demandé de m'occuper de votre spot de campagne. Y avez vous déjà réfléchi?
Je suppose que vous avez un discours. Je vous propose de l'enregistrer d’abord, nous ferons autant de prises que nécessaire bien sur.

Stan entra dans le studio avec Wyatt. Il fut surpris en rencontrant le réalisateur. Il s'était attendu à quelqu'un de plus âgé. Il lui serra la main chaleureusement et ne laissa pas paraître sa surprise mais lança quand même un regard en coin à Wyatt qui avait parlé d'un réalisateur « plutôt doué ».

- Heureux de vous rencontrer, Matthias.

Stan sortit son petit texte, le présenta au réalisateur pour qu'il puisse le lire.

- Il me faudra un peu de temps pour le mémoriser, le temps du maquillage devrait suffire. Vous avez des idées de mise en situation ?

- Vous pouvez le charger dans le prompteur, si vous voulez... monsieur... maitre.

Wyatt avait du mal à garder son sérieux devant la timidité et la maladresse du réalisateur.

- J'ai récupéré diverses images d'archives que nous possédons, vous concernant. Le débat de la semaine dernière, voter présentation au Needle, principalement. Quelques montées des marches du palais de justice également. Ensuite, cela dépend de l'ambiance que vous souhaitez donner. On peux prendre quelques images d'actualités anxiogènes si vous voulez insister sur la criminalité, par exemple. Je pense qu'il faut vous voir débuter votre texte, mais il vaut mieux des images pour accompagner le reste, quitte à revenir sur vous de temps à autre.

Une fois lancé, le jeune homme connaissait bel et bien son métier.

Tout sourire, Stan coupa net les hésitations de Morhaim quant au titre à employer.

- Stan.

Les indications suivantes rassurèrent le candidat sur les capacités du metteur en scène. Il avait l’air de maîtriser son sujet.

- J’aimerais faire quelque chose qui a un aspect professionnel. Je n’ai pas envie d’avoir l’air d’un vendeur de voiture d’occasions ou d’un chasseur d’alligator.

Stan laissa à Wyatt illustrer l’exemple du candidat louisianais. Il tiqua à la mention des images anxiogènes.

- Il y a un passage du texte qui évoque la criminalité. On peut l’illustrer par des images de criminalité réelle. Mais je veux que ce soit des images réelles d’événements survenus dans le comté. Je ne veux pas être accusé de manipuler l’opinion.

Il donna au réalisateur les photos que Wyatt lui avait fait embarquer.

- Je ne sais pas si ça pourra vous être utile. On peut peut-être passer au maquillage et enregistrer le discours. Je peux rester avec vous pendant le montage, on verra si on a assez d’images pour le spot, sinon on tournera d’autres choses sur fond vert. Ca vous va ?

La question était posée aussi bien au réalisateur qu’au directeur de campagne.

Le jeune réalisateur écouta attentivement les désideratas du candidats, les yeux plissés.

- J'ai vu le spot auquel vous faite référence. On va essayer de donner une autre image de vous ne vous en faite pas. Ce que je vous propose, c'est effectivement de passer à l'enregistrement. On va le faire sur fond vert. Si on a ensuite assez d'image, on gardera simplement votre voix au montage. Mais il faut que l'on vous voit un minimum. Que les votants sachent mettre un visage sur vous.

Même si les affiches et les flyers étaient distribués en nombre depuis quelques jours, la TV avait toujours plus d'impact.
Quelques minutes plus tard, le candidat se retrouvait debout devant un mur vert, son discours chargé dans un prompteur défilant derrière une caméra.

- Attention, fit le réalisateur. Moteur... action !

Stan acquiesça.

- Je suis d'accord. Il est important qu'on reconnaisse mon visage. Je vous fais confiance là-dessus.

Il prit place, assez décontracté. Même si c'était une nouvelle expérience, il était rompu aux arts oratoires. Il savait aussi qu'il ne s'agissait que d'une première prise et qu'il pouvait y en avoir bien d'autres suivant les indications du metteur en scène.

Au signal, Stan se lança. Il lut le prompteur qui s'adaptait à sa vitesse et à ses pauses. Il parlait en articulant, en jouant sur certaines intonations pour éviter le ton monocorde soporifique de certains conférenciers. Il essaya aussi de se montrer engagé, convaincu parce qu'il disait. D'une certaine façon, il voulait vivre ce qu'il disait.

- Depuis quatre ans, la sécurité dans le comté de King s’est dégradée. Les auteurs du black-out de 2010 n’ont jamais été inquiétés, les groupes criminels prospèrent au point de lâcher sur Seattle des hordes de zombies. Il est temps que ça change. Il est urgent de mettre en place une nouvelle politique plus juste, plus responsable et surtout plus efficace. La lutte systématique contre tous les groupes criminels quels qu'ils soient. La mise en place de structures concrètes avec des objectifs précis pour neutraliser certaines criminalités. L'assurance que tous les criminels seront confrontés aux conséquences de leurs actes et qu'un crime ou délit ne sera délibérément laissé impuni. J’ai eu l’honneur de servir dans le Corps des Marines. J’ai fait deux tours en Irak. Je connais la loi. C’est une grande fierté pour moi que de me mettre au service de la communauté. Pour que vous puissiez à nouveau vivre dans le comté de King en toute tranquillité, n’oubliez pas : Stan is the Man!

- Et... couper ! Je pense qu'on aura pas besoin de faire une autre prise, s'exclama Morhaim.

Même Wyat semblait content de la prestation de l'avocat. IL demanda ensuite avec un rien de fébrilité quand il pour voir une première version du film.

- D'ici un jour ou deux. Entre le discours et les images que vous m'avez fourni, ça ne devrait pas être trop long. Et il me faudra votre avis pour finaliser le film. Si il faut faire des prises de vues extérieures, je vous passerai un coup de fil.

Stan souffla et sourit en comprenant que le réalisateur était satisfait.

- J’aimerais en faire une deuxième si ça ne vous dérange pas. Si certains passages donnent mieux que d’autres sur l’une ou l’autre prise, vous pouvez mixer comme ça vous arrange. Et puis, e n’est pas pour le temps que ça prend.

Il valait sans doute mieux faire une deuxième prise tout de suite que de se rendre compte un peu plus tard qu’une deuxième prise aurait pu servir. Si Stan avait l’accord de Matthias, il se lancerait pour une deuxième prise qu’il espérait encore meilleure que la première.

Plus à l'aise à la seconde prise, Stan fit une meilleure prestation, il en était convaincu. Le jeune réalisateur revint vers lui en approuvant, tout sourire.

- Super. Si avec ça on casse pas la baraque! s'exclama-t-il.

IL régla les derniers détails avec Wyatt puis tout le monde se sépara et le candidat et son directeur de campagne se retrouvèrent rapidement dans le parking.

- Direction la Smith Tower, je suppose ?

Stan remercia le metteur en scène et lui serra chaleureusement la main.

- Je vous fais confiance.

Stan assista aux réglages des derniers détails et, sous forme de boutade, suggéra l’utilisation de la Washington Post March par la musique des marines pour évoquer son passé militaire et l’élection de Goldie Wilson dans Retour vers le Futur.

Après avoir salué Matthias, Stan prit la place du passager dans la voiture de Wyatt.

- Oui, avant que Clara ne croule sous le poids de l’agenda.

=> Maison des Donnigtons

Le studio n'avais pas changé depuis la visite de Stan quelque semaine plus tôt. Néanmoins la scène avait été préparée avec deux pupitres ainsi qu'un fauteuil pour Pamela. On sentait également une tension dans l'air, une certaine gravité, qui n'était pas présente la fois précédente.
Les fauteuils se remplissait rapidement avec le public,. Plusieurs garde de sécurité avait également été rajoutés pour l'occasion. La chaîne ne prenait pas de risques.

- Tu es sur que ça va ? demanda en Trish pour la troisième fois ?

Elle connaissait suffisamment son mari pour voir qu'il était tendu comme le string de Rhiana un jour de pluie.

Stanley entra dans le studio assez tendu. Il passa par le plateau pour saluer Pamela et Magnus avant de passer dans les loges. Il répondit à Trish alors qu’il s’installait pour le maquillage.

- Ca va. Je suis stressé mais ça va aller. Je sais que je suis capable d’aller au bout.

Il avait déjà les mains moites, comme avant d’entrer dans une salle d’audience. Il savait que comme pour les débats judiciaires et l’émission de la dernière fois, il serait complètement à l’aise dès les premiers instants de l’émission passés.

Wyatt et Clara rejoignirent le candidat pour les derniers instants de briefing.

- Rien de neuf ? demanda Stan à ses collaborateurs.

- Cette campagne t'épuise, Stanley, sans parler des événements de cette nuit. Dois-je te rappeler que tu n'as plus vingt ans ? Je sais bien que ça n'est vraiment pas le moment, mais tu devrais lever le pied au moins une journée.

Les deux nouveaux arrivants étaient tous sourirent en rentrant, mais Stan savaient que ça n'était qu'une façade. Ils étaient aussi tendu que lui et savaient qu'une grande partie de la campagne se jouerai ce soir.

- Rien de neuf. Elle n'a pas encore rendue les armes. Ça sera pour après.
- N'y allez pas trop fort, renchérit Clara, sarcastique. Il ne faudrait pas qu'on vous taxe de sexisme.

Un assistant passa la tête par la porte et les interpella.

- L’émission débute dans 6 minutes !

Stan ne répondit pas à Trish. Le moment état excessivement mal choisi pour cette discussion. Il prit sa main dans la sienne et la serra, comme pour recharger sa propre énergie et transmettre un peu de confiance à sa femme.

Il discuta encore quelques instants avec Wyatt de certaines questions épineuses qui pouvaent arriver pendant le débat avant de demander à son directeur de campagne et à son assistante de le laisser seul avec Trish. Il fit son possible pour se vider l'esprit et se concentrer puis se leva et embrassa sa femme.

- Ne t'éloigne pas s'il te plaît. Je veux pouvoir te voir pendant le débat.

Et enfin, il entra sur le plateau.

- Moi qui voulait aller faire du shopping, tenta de plaisanter Trish. Pamela m'a réservé une place juste à coté des caméras, ne t'en fais pas.

Rentrer sur le plateau lui fit penser à une arène. Les projecteurs dan la figure, la foule bruissante au delà... Son adversaire et la présentatrice était déjà installée et plaisantaient comme de vielles amies.

- Bienvenue, Stanley fit la journaliste en se levant pour l’accueillir.

La DA en exercice lui serra également la main, tout sourire.

- Quoi qu'il se passe ce soir, confia-t-elle, j'ai beaucoup d'admiration pour vous et votre force de conviction.